Le groupe pharmaceutique américain Merck (MRK) a déçu lundi avec ses résultats du troisième trimestre, les coupes sombres dans les effectifs et les dépenses de recherche n'ayant pas encore permis d'enrayer le recul des ventes à cause de l'expiration de brevets.

Le bénéfice net part du groupe a chuté de 35% sur un an à 1,12 milliard de dollars.

En excluant les éléments exceptionnels et notamment les dépenses de restructuration, le bénéfice par action ressort à 92 cents par action alors que les analystes misaient en moyenne sur 88 cents.

Si les dépenses de recherche et développement ou de marketing ont beaucoup reculé, le groupe a vu ses coûts de restructuration multipliés par 8 sur un an.

Le groupe pharmaceutique avait annoncé début octobre la suppression de 8500 emplois censée dégager des milliards de dollars d'économies en recentrant ses activités de recherche et de marketing.

En ajoutant à ce chiffre les 7500 réductions de postes annoncées auparavant mais pas encore réalisées, cela représente une réduction de 20% des effectifs de Merck d'ici la fin 2015.

Le chiffre d'affaires a déçu avec un recul de 4% à 11 milliards de dollars, inférieur aux prévisions. Les ventes ont pâti d'un effet de change négatif mais surtout de la perte de brevets.

Ce trimestre, le groupe a notamment pâti d'un effondrement des ventes de Singulair, un médicament contre l'asthme et les allergies, qui ont chuté de 53% à cause de l'expiration du brevet, tout comme celles du Maxalt (migraines), du Temodar (cancer de la peau) ou du Cozaar (hypertension). Les ventes de Vytorin (cholestérol) ou Januvia (diabète) ont également reculé plus qu'attendu par les analystes.

Ces mauvaises performances ont été partiellement compensées par de bonnes ventes de Remicade (maladies inflammatoires ou auto-immunes) et du vaccin Gardasil (papillovirus humain), entre autres.

«Ce trimestre nous avons généré de solides résultats financiers avec une forte contribution de la part de nos activités de vaccins, immunologie et VIH (virus du sida, NDLR), ainsi qu'une gestion des coûts efficace», a commenté le PDG Kenneth Frazier, cité dans le communiqué.

«Nous améliorons notre productivité et focalisons avec plus de précision nos ressources de recherche et développement, ainsi que nos ressources commerciales», a-t-il ajouté, se disant par ailleurs encouragé par les progrès d'un médicament en développement contre l'hépatite C. Recalibrage stratégique

Dans la santé humaine, Merck compte se recentrer sur quelques domaines thérapeutiques clés: oncologie, diabète, vaccins et soins hospitaliers de courte durée.

Ses efforts de recherche iront en priorité aux molécules jugées les plus prometteuses: un produit pour neutraliser la protéine PD-1, testé pour le mélanome et le cancer du poumon, des traitements contre la maladie d'Alzheimer et l'hépatite C, un vaccin contre le cancer du col de l'utérus. D'autres programmes seront externalisés ou arrêtés.

En termes géographiques, le groupe compte mettre l'accent sur les dix marchés où il réalise la majorité de son chiffre d'affaires: États-Unis, Japon, France, Canada, Allemagne, Royaume-Uni, Chine, Brésil, Russie et Corée du Sud, avait-il expliqué début octobre.

Les ventes de la division vétérinaire du groupe ont reculé de 2% à 800 millions de dollars, principalement à cause de la suspension volontaire en août des ventes de Zilmax aux États-Unis et au Canada. Ce stéroïde est soupçonné d'être à l'origine de troubles chez les boeufs.

En revanche, le groupe a bénéficié de ventes en hausse liées aux soins pour les animaux de compagnie et aux traitements porcins.

Merck a resserré sa fourchette de prévisions de bénéfice hors éléments exceptionnels pour l'année entière à une fourchette de 3,48 à 3,52 dollars contre 3,45 à 3,55 dollars attendus jusqu'alors, et table toujours sur des ventes en hausse de 5 à 6% sur un an.

L'action reculait de 2,2% à 45,50 dollars en début d'échanges à New York.