L'intégrateur informatique CGI (T.GIB.A) a vécu une autre dure journée hier, coincé au milieu d'une tempête politique qui a fait chuter son titre en Bourse et forcé Barack Obama lui-même à intervenir pour défendre le site Healthcare.gov.

Les difficultés techniques auxquelles se butent les visiteurs de Healthcare.gov font la manchette partout aux États-Unis depuis quelques jours. Le Washington Post et le Wall Street Journal, entre autres, ont montré du doigt l'entreprise québécoise, l'une des plus importantes à avoir participé à son développement.

Même Donald Trump s'en est mêlé, écrivant sur Twitter qu'à son avis, «plusieurs grandes compagnies américaines pourraient bâtir et réparer le pathétique site d'Obamacare gratuitement».

La controverse a atteint un tel niveau que le président Obama a dû intervenir, hier en matinée.

«Personne n'est plus fâché que moi que le site ne fonctionne pas comme il le faudrait, ce qui signifie que ça va se régler», a déclaré Barack Obama, en conférence de presse devant la Maison-Blanche. Il n'a toutefois ciblé personne directement.

Cauchemar

Ces déboires constituent un cauchemar de relations publiques pour CGI, a admis hier à La Presse son vice-président principal aux communications et aux relations avec les investisseurs de CGI, Lorne Gorber. C'est la première fois que l'entreprise réagit officiellement à la situation.

Le repli de l'action de CGI, qui a terminé la journée en baisse de 2,7% à Toronto, a commencé dès les premières secondes du discours du président.

Healthcare.gov est le marché électronique mis en place par le gouvernement fédéral américain pour permettre aux citoyens de 36 États de magasiner une assurance maladie. Depuis son lancement, le 1er octobre, les visiteurs s'y butent à une série de pépins techniques.

Comme le site représente la partie la plus visible de l'«Obamacare», le programme d'assurance maladie instauré par Barack Obama, ses défauts ont vite été récupérés par les adversaires politiques du président. D'autant plus qu'il a été lancé au premier jour de l'affrontement entre démocrates et républicains qui a mené à la fermeture temporaire de l'État fédéral.

«Tout le monde pointe ce programme-là pour montrer que le gouvernement est inefficace, en particulier la droite républicaine», déplore M. Gorber.

Selon le porte-parole, CGI n'a réalisé qu'une partie du contrat, récoltant au passage environ le tiers des 300 millions de dollars qui y ont été consacrés. Au total, 55 entreprises y ont participé, et le gouvernement fédéral lui-même se serait montré satisfait des travaux réalisés par CGI Federal, la division concernée de CGI.

«Nous avons bien réalisé notre part, insiste M. Gorber. C'est le client, le Department of Health and Human Services (USDHHS), qui agissait comme intégrateur, qui a fait un mauvais travail.»

La commande était très complexe, indique-t-il, puisqu'elle nécessitait d'interagir avec des bases de données des États et du service du Revenu, entre autres. Qui plus est, l'achalandage au cours des premières journées a largement dépassé les attentes.

Hier, la Maison-Blanche a annoncé qu'elle affectait une équipe d'«élite», composée notamment du chef des technologies des États-Unis, Todd Y. Park, à la tâche de corriger la situation.