Le groupe internet Google a rejoint vendredi le club très restreint des grandes entreprises américaines dont l'action vaut plus de 1000 dollars, au lendemain de résultats trimestriels supérieurs aux attentes.

À son entrée en Bourse en août 2004, le titre Google valait 85 dollars. Il a terminé vendredi à 1011,41 dollars, soit un bond de 13,80% comparé à la clôture de la veille, et est même monté en cours de séance jusqu'à 1015,46 dollars.

Il est très rare que le seuil symbolique des 1000 dollars soit dépassé par une valeur figurant comme le géant de l'internet dans l'indice S&P 500 des plus grandes capitalisations américaines, censé fournir une mesure assez large de l'activité à la Bourse de New York.

Google n'est que le second dans ce cas après le voyagiste en ligne à bas prix Priceline en septembre. Ce dernier cotait encore à 1048,25 dollars vendredi soir.

La plupart des analystes pensent toutefois que Google ne va pas en rester là: beaucoup disent désormais s'attendre à le voir atteindre 1100, voire 1200 dollars.

Google est devenu «l'étalon or dans la publicité en ligne et l'innovation technologique», affirment notamment les experts de la maison de courtage Topeka, qui voient en lui «l'un des meilleurs investissements à long terme dans le secteur de l'informatique et des télécoms».

La raison de cet emballement, qui a fait grimper la capitalisation boursière de Google de quelque 40 milliards de dollars en une séance, est à rechercher dans ses résultats du troisième trimestre, publiés jeudi soir après la clôture.

Son bénéfice net a bondi de 36% à 2,97 milliards de dollars, son chiffre d'affaires de 12% à 14,89 milliards, et son bénéfice par action hors exceptionnels, la référence aux États-Unis, a dépassé de 40 cents la prévision moyenne des analystes, à 10,74 dollars.

Bons paris sur l'avenir

«Google tourne à plein régime», que ce soit dans la recherche, la vidéo via sa filiale YouTube, le commerce, ou encore le mobile où son logiciel Android tient la dragée haute aux iPhone et iPad d'Apple, soulignent les experts de la banque Jefferies dans une note.

L'action Google vaut désormais presque le double de celle d'Apple. Mais en termes de valorisation totale, le groupe internet reste avec 337 milliards de dollars bien en dessous de son rival, première capitalisation boursière mondiale avec 462 milliards de dollars.

Dans la publicité, sa première source de revenus, Google a réussi à compenser une nouvelle baisse du prix moyen qu'il touche quand les internautes cliquent sur des annonces (-8% sur un an) par une forte augmentation du volume de ces clics (+26%).

Pour la banque Morgan Stanley, cela «implique que plutôt que d'avoir du mal avec la transition vers le mobile», comme beaucoup de groupes dont l'activité est pensée pour un ordinateur de bureau à l'écran bien plus grand que celui d'un smartphone, «Google bénéficie de cette augmentation du nombre d'écrans».

Beaucoup d'analystes estiment même que grâce notamment à Android, qui fait fonctionner plus d'un milliard d'appareils dans le monde, Google est l'un des mieux placés pour bénéficier de la prolifération des engins connectés, qu'il s'agisse des smartphones et des tablettes aujourd'hui ou des lunettes, montres et autres objets «intelligents» de demain.

La banque RBC le juge aussi en bonne position pour profiter de la manne espérée de la publicité vidéo en ligne grâce à sa filiale YouTube, et estime qu'il fait «de nouveaux grands paris appropriés» avec par exemple ses lunettes interactives, ses projets dans les réseaux de fibre optique ou la reconnaissance vocale.

Parmi les rares voix discordantes, la société de recherche Pivotal met toutefois en garde contre une érosion des marges du groupe, due en partie à ces nouveaux projets moins rentables.

Pour elle, «entre la montgolfière relais de réseau internet, un réseau de fibre optique en expansion, de l'électronique grand public (les ordinateurs Chromebooks, les tablettes et les smartphones Nexus, et ceux de sa filiale Motorola qui accumule les pertes NDLR), des voitures sans chauffeurs et tant d'autres choses, les marges bénéficiaires sont condamnées à décliner».