Après l'action, c'est au tour de la cote de crédit de SNC-Lavalin (T.SNC) d'être affectée négativement par sa révision à la baisse de ses prévisions pour l'exercice 2013.

Dominion Bond Rating Service (DBRS), la seule agence de notation canadienne, a indiqué jeudi que la cote de la firme d'ingénierie en ce qui a trait à deux types de créances passait de BBB (élevé) à BBB avec une perspective qui demeure négative.

Cette décision s'inscrit dans la foulée de l'annonce, plus tôt cette semaine, par l'entreprise que son bénéfice devrait osciller entre 10 millions et 50 millions de dollars, un montant bien en deçà des prévisions de 220 millions à 235 millions de dollars.

Selon SNC-Lavalin, cette situation est attribuable à des contrats non rentables ainsi qu'à sa réorganisation en Europe, qui devrait engendrer des coûts supplémentaires d'environ 75 millions de dollars.

DBRS justifie sa décision en expliquant que les problèmes laissés par l'ancienne équipe de direction sont peut-être plus importants que ce que la nouvelle équipe de SNC-Lavalin prévoyait.

«Il est difficile de prévoir si cette situation pourrait miner les chances de la direction de SNC-Lavalin de retrouver le seuil de la rentabilité en plus de rétablir sa réputation», souligne l'agence.

Selon DBRS, les prochains 18 mois s'annoncent «cruciaux» pour l'équipe dirigée par le nouveau président et chef de la direction de l'entreprise, Robert Card.

«La cote de BBB pourrait encore subir de la pression si la société est incapable d'améliorer sa gestion des risques et d'engranger des profits à compter de 2014», prévient DBRS.

La perspective «négative» de la cote du géant de l'ingénierie pourrait être modifiée s'il est en mesure de redresser la situation, mais DBRS prévient qu'il s'agit d'une possibilité «à long terme».

Le 28 août dernier, DBRS avait modifié la perspective sur la cote de crédit de SNC-Lavalin, la portant à «négative», en raison des nombreux obstacles qui se dressent devant la firme d'ingénierie pour rétablir sa réputation, entre autres.

Dans une note, une analyste de RBC Marchés des capitaux, Sara O'Brien, a indiqué qu'elle serait surprise que l'agence Standard & Poor's imite DBRS dans la foulée de la révision des résultats annoncée par SNC-Lavalin.

Elle croit également que la firme montréalaise ne devrait pas vendre sa participation dans l'autoroute ontarienne à péage 407, dont elle est actionnaire à hauteur de 16,8%, puisqu'elle a accès à des liquidités.

L'analyste rappelle elle aussi que l'entreprise devra connaître une bonne année 2014 afin d'éviter une autre décote de la part des agences de notation.

La réputation de SNC-Lavalin a été ternie depuis la tenue d'une enquête interne ayant permis de mettre au jour des paiements suspects d'une valeur totale de 56 millions de dollars.

La découverte avait mené à la démission de l'ex-président et chef de la direction Pierre Duhaime, qui a été accusé, à l'instar de l'ancien vice-président Riadh Ben Aïssa, de fraude en ce qui à trait à une somme de 22,5 millions $ qui aurait été utilisée pour obtenir le contrat du Centre universitaire de santé McGill.

L'action de la société a pris jeudi 2 cents à la Bourse de Toronto, où elle a clôturé à 42,15 $. Elle avait cédé mercredi plus de 4,5%.