La directrice générale de Burberry, Angela Ahrendts, créditée de l'impressionnant succès de la maison symbole du chic britannique ces dernières années, va quitter le groupe pour rejoindre le géant américain Apple (AAPL).

Une annonce qui a créé la surprise sur le marché et a fait chuter le titre Burberry de 6% mardi à l'ouverture de la Bourse de Londres. Vers 9h45 GMT (5h45 à Montréal), il cédait encore 4,73% à 1510 pence, dans un marché en hausse de 0,83%.

Burberry a indiqué dans un communiqué qu'Angela Ahrendts quitterait le groupe «d'ici mi-2014 pour occuper une nouvelle fonction chez Apple».

L'Américaine de 53 ans, qui était à la tête depuis juillet 2006 du groupe dont les indémodables imperméables sont un des symboles du chic britannique, sera remplacée par Christopher Bailey, directeur de la création depuis six ans, qui cumulera la direction de l'entreprise avec ses fonctions actuelles, a ajouté Burberry.

«Burberry est dans une forme étincelante (...) Aujourd'hui, Burberry n'est pas seulement une grande marque mais un vrai grand groupe», a déclaré Angela Ahrendts.

Chez Apple, elle occupera la fonction nouvellement créée de vice-président responsable du commerce de détail et des boutiques en ligne, a indiqué de son côté le géant américain dans un communiqué. «Elle partage nos valeurs et notre priorité pour l'innovation et elle met la même emphase que nous sur l'expérience du consommateur», a déclaré le patron d'Apple, Tim Cook.

Christopher Bailey, 42 ans, s'est dit lui «profondément ému et honoré» d'être nommé à la tête d'un groupe qui «signifie tant» pour lui. «Je me sens aussi privilégié de pouvoir conserver mon rôle de directeur de la création car je pense que la créativité et l'innovation ont été au centre de notre succès ces dix dernières années et le seront encore plus dans la décennie à venir», a-t-il ajouté.

Diversification géographique

Pour les analystes, Angela Ahrendts laissera un groupe solide après huit ans passés à sa tête.

«Ahrendts a transformé l'entreprise en un géant du luxe avec une forte croissance sur les marchés émergents, des activités en ligne remarquables et des ventes solides», a commenté Ishaq Siddiqi, d'ETX Capital.

De 2006/2007 à 2012/2013, le chiffre d'affaires de Burberry a été multiplié par plus de deux, bondissant de 850 millions de livres à 2 milliards, tandis que le cours de Bourse a été multiplié par plus de trois.

«La diversification géographique du groupe soutient sa performance tandis que la stratégie prudente d'investissement est bien récompensée», a jugé de son côté Richard Hunter, de Hargreaves Lansdown Stockbrokers.

Mais le marché doute toutefois de la capacité du nouveau patron à tenir le cap.

«Les investisseurs semblent inquiets que Bailey ne soit pas capable de répliquer le succès d'Ahrendts. Après tout, il n'a jamais dirigé d'entreprise, en particulier de cette taille», a souligné Ishaq Siddiqi, qui pense toutefois que «cela ne devrait pas changer grand-chose chez Burberry» alors que Christopher Bailey est déjà au centre de la stratégie actuelle.

Selon une étude du cabinet de conseil MM&K, Angela Ahrendts, qui est l'une des très rares femmes à la tête d'une entreprise du FTSE-100, a été l'an dernier la dirigeante la mieux payée des entreprises de l'indice vedette avec 16,9 millions de livres de rémunération globale.

L'annonce du départ d'Angela Ahrendts a éclipsé la publication de bons chiffres pour le premier semestre. Le groupe a ainsi enregistré une croissance ajustée de ses revenus de 14% à 1,031 milliard de livres (1,2 milliard d'euros) et une croissance de 17% pour le commerce de détail.

Burberry, qui avait vu son titre s'effondrer en Bourse l'an dernier après un avertissement sur résultat sur fond de ralentissement de la Chine, a en revanche averti que le contexte économique allait rester «incertain» et les changes «volatils» d'ici la fin de l'exercice.