Premier réseau du monde à sauter dans le bateau de BlackBerry, en 1999, Rogers décroche. Le numéro un des fournisseurs de services sans fil au pays n'offrira pas le plus récent modèle, le Z30, au moment de son lancement au Canada, le 15 octobre prochain.

BlackBerry a annoncé hier que c'est le 15 octobre que son nouveau modèle haut de gamme, dévoilé il y a quelques jours au cours d'un événement en Malaisie, sera lancé au Canada. Mais ce qui a surtout retenu l'attention, c'est l'absence de Rogers parmi la liste des distributeurs de cet appareil.

Rogers s'est pourtant toujours targué d'avoir été la première entreprise du monde à offrir un appareil et des forfaits BlackBerry. Ce premier modèle, le BlackBerry 850, lancé en 1999, ne permettait pas de faire des appels et était alors plutôt considéré comme un téléavertisseur bidirectionnel.

Plus récemment, le PDG de Rogers, Nadir Mohamed, avait accueilli son vis-à-vis de BlackBerry, Thorsten Heins, dans la boutique phare de Rogers au centre-ville de Toronto, pour souligner le lancement canadien du modèle Z10, en février.

Doté d'un écran de 12,7 cm (5 po.), le plus grand de la marque jusqu'à présent, le modèle Z30 sera néanmoins offert par les deux autres grands fournisseurs canadiens, Bell et TELUS, en plus des détaillants Future Shop et Best Buy.

L'achat par Fairfax improbable

Par ailleurs, les investisseurs semblent estimer de plus en plus improbable l'achat de l'entreprise par un consortium mené par le fonds d'investissement canadien Fairfax, annoncé le 23 septembre dernier.

En témoigne une nouvelle baisse de près de 3% du prix de l'action de l'entreprise, qui a clôturé la journée à 7,73$US, 14% de moins que les 9$ offerts par Fairfax.

L'analyste Pierre Ferragu, de la firme Bernstein, a publié hier un nouveau rapport fixant un prix cible d'à peine 4,50$, à la suite du dépôt par l'entreprise canadienne de nouvelles données financières, mercredi.

«Notre analyse détaillée de ces nouvelles informations démontre des liquidités bien inférieures à ce que nous avions prévu, a-t-il écrit. Parce que l'entreprise perd des utilisateurs à très grande vitesse, que son fonds de roulement est fortement sollicité et qu'elle a des engagements hors bilan qui pourraient brûler de l'argent au cours des quatre prochains trimestres, nous croyons que les liquidités pourraient fondre de 2 milliards dans les six prochains trimestres, emmenant l'entreprise vers des problèmes importants.»

Compte tenu de ce scénario, Fairfax n'a, selon M. Ferragu, aucune chance d'obtenir le financement nécessaire à la transaction. La seule éventualité positive pour BlackBerry serait de susciter une offre de la part d'une entreprise déjà active dans ce secteur. Dans ce contexte, il juge inutile d'estimer un prix plancher.