L'été avait pourtant bien démarré avec une expansion de 0,6% du produit intérieur brut (PIB) réel, en juillet.

Toute la croissance avait même été assurée par le secteur privé, la production de services financée par l'État comme en santé et en éducation ayant fait du surplace, austérité budgétaire oblige.

Les autres données publiées par Statistique Canada hier font bien ressortir que le repli de 0,5% de juin du PIB réel mesuré par industrie avait été plus que rattrapé en juillet. La grève de deux semaines des travailleurs québécois dans le bâtiment non résidentiel avait fait mal avec un plongeon de 16,2% de la construction québécoise en juin.

En juillet, on a assisté à une poussée de 9,2% de l'activité dans le bâtiment non résidentiel, à l'échelle canadienne, ce qui suggère que cette industrie a retrouvé son erre d'aller en juillet aussi au Québec.

La grève avait beaucoup heurté l'économie québécoise. Elle était survenue au moment où l'on observe le plus grand nombre de grues à Montréal en plus de 20 ans.

Tous ces beaux chiffres semblent indiquer que la production canadienne, en particulier celle de biens, était en train de retrouver le tonus qui prévalait au début du cycle et qui s'est essoufflé il y a 18 mois. En un an, l'expansion a été contenue à 1,4%.

Malgré le peu de données pour le trimestre qui a pris fin hier, la grande majorité des économistes s'attend à ce qu'il ait généré une expansion annualisée supérieure à 1,7%, chiffre médiocre enregistré au deuxième trimestre.

Après un mois et en faisant l'hypothèse hautement improbable d'une stagnation en août et en septembre, on obtient un acquis de croissance de 1,4 à 1,5%.

Les prévisionnistes les plus pessimistes parient sur une croissance de 2% à peine, alors que les plus optimistes jugent possible l'atteinte de la barre des 3%.

Chose certaine, plus les chiffres se rapprochent de la barre des 2%, plus la quantité de capacités inutilisées s'accroît, ce qui n'est guère de nature à stimuler la création d'emplois, les augmentations de salaire et une modeste, mais saine inflation.

Doit-on voir d'heureux présages dans la publication, hier, de trois indicateurs avancés venus confirmer une recrudescence de la confiance des Canadiens durant l'été?

D'abord, l'Indice de confiance des ménages du Conference Board a progressé en septembre pour le 12e mois sur 13. Il vient d'atteindre son niveau le plus élevé depuis 2010. Même au Québec, où il reste à un niveau beaucoup plus faible que la moyenne canadienne, il a avancé pour le troisième mois d'affilée.

Ce qui stimule la confiance des ménages, précise l'organisme de recherche, c'est une situation financière un peu plus confortable et la perception que leur emploi est moins menacé.

Le nouvel indice de confiance canadien Bloomberg Nanos, publié pour la première fois hier même si sa première mesure remonte à 2008, était à son niveau le plus élevé depuis mars 2011. Ce qui le distingue du précédent, c'est sa mesure hebdomadaire. La conclusion de son concepteur Nick Nanos est que le niveau de confiance des consommateurs était, le mois dernier, au-dessus de la moyenne.

Enfin, l'indicateur avancé de l'Institut Macdonald-Laurier a progressé de 0,4% en août. Selon Philip Cross, qui l'a mis au point, c'est la première fois cette année que les deux indicateurs de la production étaient à la hausse en même temps: les nouvelles commandes et la durée moyenne de la semaine de travail.

Ces trois indices pèchent toutefois par omission. Ils ne tenaient pas compte de la probabilité que le gouvernement américain suspende ses activités et poussent de 700 000 à 800 000 fonctionnaires au chômage forcé.

Plus s'étirera le bras de fer entre sénateurs et représentants au Congrès, plus la croissance américaine pâtira, affaiblissant aussi la canadienne.