Un an après son entrée ratée sur le marché des tablettes avec la Surface, le groupe informatique américain Microsoft espère inverser la vapeur avec deux nouveaux modèles qui ont reçu un accueil mitigé des analystes lundi.

«C'est le renouvellement dont nous avions besoin», a assuré Panis Panay, vice-président de Microsoft, en dévoilant les appareils lors d'un événement organisé à New York.

Ce lancement est la deuxième tentative de Microsoft pour tenter de décrocher une part d'un marché dominé par l'iPad d'Apple et les appareils de diverses marques fonctionnant avec Android, le système d'exploitation de Google.

Seulement 1,2 million de Surface ont été vendues au premier semestre 2012, selon le cabinet de recherche IDC, quand Apple écoulait 34,1 millions d'iPad.

La Surface 2 et sa version plus haut de gamme Surface Pro 2 bénéficient d'un processeur plus puissant que les modèles précédents, d'un écran et d'un appareil photo améliorés, d'une batterie à la résistance allongée de 25%, et d'un nouveau support intégré doté de deux positions différentes «permettant d'utiliser l'appareil de manière confortable sur ses genoux ou sur une table», assure Microsoft.

Les deux appareils seront équipés de la version remaniée du dernier système d'exploitation de Microsoft, Windows 8.1, et du programme de messagerie Outlook. Ils auront accès à 100 000 applications (contre seulement 10 000 pour la version précédente). Microsoft offre aussi un an d'appels gratuits via sa filiale Skype, et 200 gigaoctets de stockage pendant deux ans sur son service en ligne SkyDrive.

Côté accessoires, Microsoft annonce plusieurs versions perfectionnées de la couverture avec clavier intégré rapprochant la Surface d'un ordinateur portable.

Les nouveaux appareils sortiront à partir du 22 octobre dans 21 pays, dont les États-Unis, le Canada, la France et la Belgique, et début novembre en Chine.

Meilleures performances, mais toujours chères

Aux États-Unis, il faudra débourser au moins 449 dollars pour une Surface 2 et 899 dollars pour une Surface Pro 2. Les deux versions précédentes avaient été lancées à 499 et 899 dollars, mais Microsoft avait dû nettement en baisser les prix durant l'été. Cela s'est traduit par une humiliante charge de 900 millions de dollars dans ses derniers comptes trimestriels, davantage que les revenus totaux rapportés par l'appareil en un an, chiffrés par le groupe à seulement 853 millions.

Les nouveaux appareils peuvent-ils faire mieux? Les analystes étaient partagés lundi.

Sarah Rotman Epps, du cabinet de recherche Forrester, salue «des améliorations nécessaires des composants qui sont attrayantes pour les entreprises et les consommateurs». Pour elle, «Surface 2 est en meilleure position pour concurrencer l'iPad, et Surface Pro 2 tente de s'attaquer au MacBook Air ainsi qu'à la concurrence de Lenovo, Samsung et HP».

«Ces améliorations ne transformeront pas Surface du jour au lendemain en un best-seller», reconnaît toutefois l'analyste.

«Ils continueront à en vendre un peu, mais je ne pense pas que cela va changer la trajectoire de leurs ventes», juge pour sa part Jack Gold, président de la société de recherche J. Gold Associates.

Il aurait voulu voir «quelque chose de plus innovant» et prévient que les nouvelles Surface «ne sont certainement pas compétitives en termes de prix face aux nombreuses nouvelles tablettes Android qui sortiront plus tard cette année».

Au-delà des performances des appareils, il n'est toujours pas évident que Microsoft ait trouvé la formule marketing permettant de les vendre, souligne pour sa part Mike Silver, un expert de Gartner, pour qui jusqu'ici il est «vraiment difficile pour le consommateur normal de comprendre pourquoi il en voudrait une plutôt qu'un iPad».

Certains analystes jugent la stratégie de Microsoft globalement trop confuse: pour mieux rivaliser avec Apple et Google, le groupe tente de se renforcer dans les appareils et les services et de rattraper son retard dans le mobile, mais parallèlement il veut toujours satisfaire les centaines de millions d'utilisateurs de PC utilisant son système d'exploitation Windows.

Sa tâche est en outre compliquée par des turbulences internes: il va devoir intégrer les téléphones portables du groupe finlandais Nokia, il vient d'amorcer une importante réorganisation de ses activités et recherche un successeur pour son patron Steve Ballmer, qui a annoncé son départ il y a un mois.