Doubler le nombre d'événements de 2006 à 2013. Générer des dépenses touristiques de 300 millions de dollars par année. Marc Tremblay avait de grandes ambitions pour le Palais des congrès de Montréal après sa nomination comme PDG à l'automne 2009.

Quatre ans plus tard, Marc Tremblay part «la tête tranquille», même s'il n'a pas atteint tous ses objectifs. Son optimisme et la crise économique lui ont joué des tours, et c'est surtout son successeur qui profitera de ses bons coups, comme c'est souvent le cas dans cette industrie où tout se planifie longtemps d'avance.

«Les gros congrès se réservent de trois à cinq ans à l'avance. Dans trois ans, le Palais des congrès aura un taux d'occupation de 50%, alors qu'on peut difficilement faire mieux que 55%», dit Marc Tremblay, qui quittera demain son poste de PDG du Palais des congrès de Montréal pour se joindre le mois prochain au Groupe Juste pour rire à titre de vice-président de la stratégie et du développement des affaires.

Durant son règne, le taux d'occupation du Palais des congrès est resté stable, passant de 38,0% en 2009-2010 à 43,2% en 2011-2012 avant de redescendre à 37,1% l'an dernier. «[En raison du décalage dans cette industrie,] nous avons vécu notre année de crise économique l'an dernier», dit-il.

Selon ses projections, le taux d'occupation doit augmenter chaque année jusqu'à 50,5% en 2016-2017. Une belle réussite, selon lui: un centre des congrès peut difficilement espérer faire mieux que 55% d'occupation en raison des périodes creuses à Noël, l'été et les week-ends.

Durant son règne de quatre ans, le nombre d'événements est passé de 261 à 359 (+ 38%), le nombre de spectateurs, de 554 668 à 642 262 (+ 16%), et les retombées économiques ont progressé de 170 à 200 millions de dollars. On est loin des 300 millions espérés il y a quatre ans, mais le contexte a changé.

«Les budgets des événements ont été réduits après la crise économique, et il s'est créé 50% plus d'espace depuis 10 ans pour accueillir les événements», dit Marc Tremblay, qui a été directeur général adjoint de la Ville de Montréal et président de Six Flags La Ronde avant d'accepter le mandat de diriger le Palais des congrès de Montréal.

D'autres choses ont changé - pour le mieux - au Palais des congrès depuis quatre ans. Montréal est passé du troisième au premier rang pour les congrès en Amérique du Nord. La métropole québécoise vient aussi en tête de liste en Amérique du Nord pour les congrès d'associations. Le Palais des congrès a fait 45 alliances stratégiques avec les entreprises et les universités montréalaises pour accueillir des événements. Et, pour la première fois de son histoire cette année, il ne recevra pas de subvention de Québec pour son budget de fonctionnement (Québec paie toujours les taxes municipales et l'hypothèque).

Pas de débat comme au CHUM

Après avoir rempli le calendrier du Palais des congrès pour les prochaines années, Marc Tremblay a-t-il un conseil pour son successeur? Plutôt un souhait: que le débat sur l'agrandissement du Palais ne ressemble pas à celui du CHUM.

«Je ne veux pas d'un débat comme le CHUM pour mon successeur. Nous pouvons doubler la capacité du Palais et dans l'intérêt à long terme de l'économie du Québec, j'espère que nous allons le faire, notamment pour accueillir davantage expositions commerciales», dit Marc Tremblay, qui n'a pas demandé de nouveau mandat au gouvernement du Québec, qui est responsable du Palais des congrès de Montréal.

En mars dernier, Québec a mis une réserve sur des terrains de 12 000 m2 autour de l'édifice, notamment un terrain où la Ville de Montréal avait approuvé la construction d'une tour de condos de 20 étages.

Marc Tremblay prévient qu'il faudra au moins deux ans pour présenter un plan définitif d'agrandissement. Aussi important soit-il, ce débat ne doit toutefois pas faire oublier la mission première de l'organisme: attirer des événements à Montréal. «On a une entreprise à faire rouler, une entreprise dont dépend l'industrie touristique», dit-il.

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CE QU'IL A DIT...

Sur la façon de convaincre les organisateurs de congrès:

«Nous avons beaucoup travaillé sur notre cahier de candidature. Si nous représentions Montréal pour les Jeux olympiques, nous gagnerions...»

Sur la vision environnementale du Palais des congrès:

«Nous voulons avoir le plus grand toit vert au pays. Nous avons déjà 7000 pieds carrés de jardins, nous avons ouvert des terrasses sur le toit, nous avons 30 000 abeilles qui produisent du miel que nous donnons à tous nos clients. Nos trois ruches ont fait le tour du monde! Quand nous aurons un plus grand jardin sur les toits, nous aimerions vendre des fruits et légumes dans le Vieux-Montréal.»