La décision de Verizon de ne pas tenter sa chance sur le marché canadien du sans-fil ne change rien au plan de match du gouvernement Harper dans le domaine des télécommunications, assure le ministre de l'Industrie, James Moore.

Ottawa tient mordicus à encourager une concurrence accrue dans ce secteur dominé par trois grands acteurs - Bell, Telus et Rogers - pour que les consommateurs obtiennent de meilleurs services, a indiqué M. Moore dans une entrevue à La Presse, moins de 24 heures après que l'entreprise américaine a annoncé qu'elle ne souhaitait plus s'établir au Canada.

Au lieu de se lancer à la conquête du marché canadien, Verizon a annoncé lundi le rachat des actifs américains de la société britannique Vodafone dans le service de téléphonie mobile Verizon Wireless pour la somme de 130 milliards de dollars.

Les enchères continuent

L'appel d'offres pour la vente aux enchères de blocs de spectre sera donc lancé comme prévu le 17 septembre, et les fruits de cette démarche seront connus en janvier. En tout, deux des quatre blocs offerts seront réservés à de nouveaux acteurs sur le marché.

«Cette décision ne changera pas notre politique dans ce secteur. On verra le 17 septembre et en janvier les dynamiques qui vont émerger dans le marché. Nous sommes très convaincus que nous allons avoir plus de concurrence. L'objectif du gouvernement, c'est d'augmenter les choix pour les Canadiens dans le domaine de la technologie sans fil», a affirmé M. Moore.

Le gouvernement Harper mise sur l'arrivée éventuelle d'un quatrième acteur bien établi dans chaque marché régional du pays afin d'accroître la concurrence.

«Le Canada est au deuxième rang des plus grands pays dans le monde. Mais nous arrivons au 34e rang au chapitre de la population. Ce n'est pas un marché simple et facile dans un contexte où il y a trois acteurs qui détiennent 90% du marché. Ce sera toujours difficile pour une entreprise de faire son entrée sur le marché. Mais nous croyons que la porte doit être ouverte pour un type de compétition que nous n'avons pas vu dans le passé", a ajouté le jeune ministre de l'Industrie.

Des critiques

Au cours des derniers mois, Bell, Rogers et Telus ont vivement critiqué l'intention du gouvernement Harper de réserver deux des quatre blocs de spectre à une entreprise de la taille de Verizon. Elles affirmaient que les entreprises étrangères auraient obtenu un avantage injuste en vertu des règles actuelles du secteur.

Cette campagne a soulevé l'ire du ministre James Moore, qui ne s'est pas gêné pour accuser les trois acteurs canadiens de vouloir protéger leur part de marché et d'avoir peur de la concurrence. Il s'est aussi défendu de favoriser le géant américain, soulignant que toute entreprise étrangère venant d'une autre région du globe pouvait aussi se manifester.

Qui pourrait donc venir s'établir au Canada maintenant que Verizon écarte cette idée? «On verra. Ce n'est certainement pas mon travail de faire des spéculations à ce sujet dans les médias. Mais c'est mon travail d'avoir les règles et les politiques qui vont créer de la concurrence et offrir plus de choix», a dit le ministre.