Un recul inattendu des ventes au détail a renforcé l'impression voulant que le mois de juin ait été le plus faible pour l'économie canadienne depuis la récession, réduisant davantage l'espoir quant aux chiffres sur le produit intérieur brut du deuxième trimestre, qui seront dévoilés la semaine prochaine.

Les ventes au détail ont retraité de 0,6% en juin pour totaliser 40,1 milliards de dollars - une chute de 1,2% au chapitre du volume - renversant partiellement la hausse démesurée de 1,8% du mois précédent. Les économistes misaient en moyenne sur un déclin de 0,4% du commerce de détail en juin.

Compte tenu des reculs affichés précédemment dans la fabrication et le commerce de gros au mois de juin, les analystes estiment maintenant que la croissance économique pourrait avoir ralenti à environ 1,5% pour le trimestre d'avril à juin.

Cette estimation de la croissance du PIB comprend un déclin de 0,6% seulement en juin et se compare à une croissance économique de 2,5% pour le premier trimestre.

Les analystes ne peuvent pas être précis dans leurs prévisions du PIB parce que certains éléments de l'économie, comme l'activité minière, certains services et la construction, ne sont pas compris dans les rapports mensuels de Statistique Canada.

Mais à moins d'une surprise, les chiffres de l'agence gouvernementale sur le produit intérieur brut devraient confirmer que le trimestre s'est clos sur une mauvaise note, a indiqué jeudi l'économiste en chef de la Banque de Montréal, Doug Porter.

«Certains des chiffres avaient été extraordinairement solides, mais ce que le mois de juin nous montre, c'est que les éclairs de vigueur observés dans l'économie en avril et en mai n'étaient pas des indices significatifs de vigueur. Nous sommes de retour dans une économie (...) qui avance péniblement, à un rythme très modeste», a affirmé M. Porter.

Contrairement aux rapports sur les fabricants et sur le commerce de gros, les données sur les ventes au détail dévoilées jeudi montrent l'impact d'un double-choc au système - les inondations en Alberta et la grève de la construction au Québec.

Les ventes au Québec, la deuxième province la plus populeuse au pays, ont retraité de 1,3%, tandis qu'elles ont cédé 0,6% en Alberta - la seule province de l'Ouest à afficher un recul.

Mais l'Ontario, la province où vivent le plus de Canadiens, reste le maillon faible, avec un recul des ventes de 1,4% en juin. Cela survient cependant après une hausse de 2% pour le mois précédent.

Les chiffres sur le commerce de détail ne devraient pas inquiéter la Banque du Canada. Ses prévisions pour le mois de juin et pour le deuxième trimestre étaient encore plus faibles que celles de la plupart des analystes.

La banque centrale prédit que la faiblesse ne perdurera pas et que l'activité économique rebondira avec la reconstruction en Alberta et le rattrapage de la demande à la suite de la grève au Québec.

La Banque du Canada s'attend en fait à ce que le trimestre de juillet à septembre soit un des meilleurs en plusieurs années, avec une croissance annualisée du PIB de 3,8%.

Après cette embellie, la banque prévoit que la croissance se stabilisera à un taux relativement sain, légèrement au-dessus de la barre des 2,5%, tandis que les économies américaine et mondiale prendront lentement de l'élan.

Malgré le hoquet de juin, la consommation tient bon au Canada. Elle affiche une hausse de 5,7% pour le trimestre en données annualisées, ont fait remarquer des analystes.

«Le rapport d'aujourd'hui sur le commerce de détail, même s'il est décevant, n'est pas une raison pour commencer à s'inquiéter du consommateur canadien», a estimé l'économiste Emanuella Enenajor, de la Banque CIBC.

«En fait, des huit sous-catégories qui ont affiché des déclins, six avaient connu des gains appréciables le mois précédent - ce qui laisse entrevoir une tendance en dents de scie, plutôt qu'une constante décroissance.»

Une des bonnes surprises du rapport de juin a été le secteur des véhicules automobiles, où les ventes ont tenu bon - progressant même légèrement de 0,2% - à la suite du bond de 4% du mois de mai.

Les plus importantes baisses au chapitre de la valeur ont eu lieu dans les sous-secteurs des magasins d'alimentation (-1,2%), des marchands de matériaux de construction (-1,9%) et des magasins de vêtements (-1,8%).