Le groupe informatique américain Dell, au coeur d'une bataille boursière, a publié jeudi des résultats trimestriels moins mauvais que prévu malgré un septième recul consécutif de son bénéfice net, ses marges continuant de se détériorer dans les PC.

Entre début mai et fin juillet, deuxième trimestre de l'exercice décalé du groupe, le résultat net a chuté de 72% à 204 millions de dollars.

Le bénéfice ajusté par action, référence aux États-Unis, a néanmoins dépassé d'un cent la prévision moyenne des analystes, à 25 cents. Le chiffre d'affaires pour sa part a stagné à 14,5 milliards de dollars alors que le marché s'attendait à un recul.

«Dans un environnement difficile, nous restons engagés envers notre stratégie et nos clients», a commenté dans le communiqué le directeur financier, Brian Gladden, se disant «encouragé» notamment par «la croissance continue de nos activités à destination des entreprises».

Cette division, sur laquelle Dell tente de se recentrer pour réduire son exposition au marché en crise des PC, a amélioré son chiffre d'affaires de 8% à 3,3 milliards de dollars et son bénéfice d'exploitation de 9% à 137 millions.

La division d'informatique grand public a vu en revanche son chiffre d'affaires baisser de 5% à 9,1 milliards de dollars, et enregistre seulement 205 millions de dollars de bénéfice d'exploitation (-71%).

Dans une lettre aux investisseurs remplaçant la traditionnelle conférence téléphonique d'explications avec les analystes, le directeur financier a reconnu que le groupe avait réussi à améliorer ses parts de marché «au détriment de la rentabilité».

À contre-courant du marasme sur le marché des PC, dont il est numéro trois mondial derrière le chinois Lenovo et son compatriote HP, Dell a réussi à augmenter ses ventes d'ordinateurs de bureau de 1%, mais c'est surtout grâce à des baisses de prix.

Les consommateurs préfèrent toujours les tablettes

Sa division «mobilité», qui inclut les ordinateurs portables et les tablettes, accuse pour sa part un recul des ventes de 10%. «La demande sur ce segment continue d'être sous pression, les consommateurs déplaçant leurs dépenses vers d'autres solutions mobiles», a relevé M. Gladden, une allusion aux tablettes d'Apple, Samsung ou Amazon, qui cannibalisent depuis des trimestres les ventes d'ordinateurs.

Ces mauvaises nouvelles n'émouvaient guère les investisseurs. Dans les échanges électroniques suivant la clôture, l'action Dell perdait 0,40% à 13,65 dollars vers 18h00.

Depuis plusieurs mois déjà, le marché ne réagit plus qu'aux péripéties du bras de fer sur l'avenir de Dell opposant ses deux premiers actionnaires, le PDG-fondateur Michael Dell et l'investisseur Carl Icahn.

Le premier veut racheter intégralement le groupe, car il espère ainsi pouvoir réorienter plus facilement son activité. Le second s'oppose à ce projet de 24,75 milliards de dollars.

L'assemblée générale extraordinaire devant permettre de trancher a déjà été reportée à trois reprises et est maintenant programmée pour le 12 septembre.

D'après des documents transmis cette semaine au gendarme boursier américain (SEC) en prévision de cette assemblée générale, Michael Dell détenait 13,9% du capital le 5 août.

Le PDG ne participe pas au vote sur son projet de rachat, contrairement à Carl Icahn, qui pointait à 8,9% à la même date, et arrive à 12,87% en ajoutant la participation de son allié, le fonds Southeastern Asset Management.

Dans l'attente de l'issue du combat, le groupe a renoncé à faire des prévisions sur ses résultats pour les mois à venir.