Bell a fait un geste plutôt inhabituel en publiant jeudi dans plusieurs journaux (dont La Presse) une lettre ouverte aux Canadiens signée par le PDG George Cope.

Le géant des communications fait valoir dans cette lettre que Verizon, par exemple, peut présentement profiter d'avantages pour entrer au Canada.

Il demande que les règles soient les mêmes pour tout le monde et juge absurde la situation qui a coûté près de 15 milliards de dollars de valeur boursière à BCE, Rogers et Telus dans le dernier mois. Maintenant que le marché a parlé, George Cope a demandé à être entendu.

Voici un résumé de l'entrevue qu'il nous a accordée en fin de journée jeudi.

Q: Quelle est la prochaine étape dans votre démarche?

R: «Nous avons un nouveau ministre de l'Industrie, James Moore. Il faut lui laisser le temps de se pencher sur les informations qui viennent d'être diffusées. James Moore vient tout juste d'être nommé. Laissons-lui le temps de bien digérer les informations et ensuite de voir quelle sera son opinion.»

Q: Si Verizon devait entrer au Canada avec les règles actuelles, quelles en seraient les conséquences?

R: «Je pense que la communauté d'affaires perdrait un peu confiance dans la stabilité et la prévisibilité de notre politique sur les télécommunications. Je pense aussi que, ultimement, ça se traduirait par des pertes d'emplois au pays. Il y aurait également des impacts sur les marchés ruraux puisque l'attention serait beaucoup concentrée sur les marchés urbains. Je ne vois pas comment les Canadiens peuvent bénéficier d'une telle situation.»

Q: On parle beaucoup de Verizon, mais il n'y a pas que Verizon qui pourrait être tentée de pénétrer le marché canadien, non?

R: «Il est difficile de prédire qui peut décider de venir, et je suis mal placé pour mentionner des noms. Je peux toutefois dire qu'il y a d'autres entreprises de taille semblable à celle de Verizon aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Et j'imagine qu'elles prennent toutes la peine d'évaluer la situation.»

Q: Qu'avez-vous à dire aux consommateurs qui voient l'arrivée de Verizon comme une occasion d'obtenir un accès à un réseau nord-américain sans avoir à payer des frais d'itinérance?

R: «Je ne peux pas commenter sur ce que Verizon pourrait offrir. Toutefois, je peux dire aux consommateurs canadiens que le montant de la facture moyenne chez BCE, incluant les frais d'itinérance, est inférieur à la facture moyenne d'un client de Verizon. Nos prix sont concurrentiels et inférieurs à ceux de Verizon aux États-Unis. Nous avons la meilleure technologie au monde et un marché très concurrentiel. Les Canadiens ont beaucoup de choix avec le nombre de marques offertes au pays.»

Q: Les règles de propriété étrangère sont-elles appelées à changer?

R: «Il n'est aucunement question de ce dossier dans notre démarche, mais même si on enlevait les règles de propriété étrangère, je ne crois pas qu'on verrait un jour BCE appartenir à des non-Canadiens. Le gouvernement s'y opposerait. C'est comme ça partout dans le monde. Il est aussi hautement improbable que Verizon et AT&T ne soient pas contrôlées un jour par des Américains, pour des raisons de sécurité nationale notamment.»