L'action du groupe informatique Dell a clôturé en baisse vendredi, plombée par des craintes d'un possible rejet de son plan de retrait de la cote.

Sur la plateforme électronique Nasdaq, l'action a terminé la séance sur un recul de 2,10% à 13,03 dollars.

Les actionnaires de Dell doivent voter le 18 juillet sur le projet de rachat intégral du groupe par son PDG-fondateur Michael Dell, déjà premier actionnaire avec environ 14% du capital. L'opération doit conduire au retrait de la cote de Dell, qui espère ainsi pouvoir se restructurer plus sereinement en réaction à la crise du marché du PC, dont il est le troisième fabricant mondial.

Dans un document publié vendredi sur le site internet du gendarme boursier américain (SEC), le comité spécial mis en place par le groupe pour superviser l'opération insiste à nouveau sur la situation difficile du marché du PC et fait état d'un «risque à la baisse important pour les actionnaires si la transaction (avec le PDG) est rejetée».

Michael Dell, adossé au fonds Silver Lake, propose 13,65 dollars par action, soit une opération à 24,4 milliards de dollars. D'autres grands actionnaires jugent toutefois ce prix insuffisant, en particulier le milliardaire Carl Icahn, qui avec le fonds Southeastern Asset Management détient 13% du capital. Il milite pour que Dell reste en Bourse et verse plutôt une sorte de dividende exceptionnel à ses actionnaires, à hauteur de 14 dollars par titre. L'opération serait financée en puisant dans les liquidités du groupe et en l'endettant davantage.

Le document boursier de vendredi juge «irréaliste» la valorisation du groupe telle qu'elle a été calculée par Carl Icahn et Southeastern: «comment Dell peut-il valoir 12 fois son (excédent brut d'exploitation) Ebitda quand son concurrent le plus proche, HP, vaut 4,6 fois son Ebitda?» s'interroge-t-il.

Cette publication intervient alors qu'une importante société de conseils aux actionnaires, Institutional Shareholder Services (ISS), doit rendre bientôt son avis sur le rachat par Michael Dell.

Roger Kay, analyste chez Endpoint Technologies, juge une recommandation négative «probable», mais prévient qu'alors «les actionnaires vont probablement voter contre la direction et l'action va retomber à ses niveaux d'avant» l'annonce du plan.

Pour lui, Dell aura «de grands problèmes» si la proposition de Carl Icahn se concrétise: «Ses associés et lui vont vider la trésorerie de l'entreprise pour se payer à eux-mêmes des +dividendes spéciaux+, et ne laisser qu'une carcasse».

La presse américaine a fait état cette semaine de pressions de certains administrateurs de Dell pour que le PDG relève son offre, car ils craignent justement que Carl Icahn réussisse à faire avorter l'opération. Le Wall Street Journal affirme toutefois vendredi sur son site internet, en citant des sources proches du dossier, que Michael Dell n'en a pas l'intention.