Le désir annoncé de la Réserve fédérale américaine (Fed) de ralentir son rythme d'impression d'argent, jusqu'à y mettre fin mi-2014, aura été bénéfique aux régimes de retraite à prestations déterminées (PD).

Dans la foulée de cette annonce faite le 19 juin, les taux d'intérêt sur les obligations à long terme ont beaucoup augmenté. Cela a eu pour effet de désenfler la valeur des engagements des régimes davantage que le repli des rendements obligataires et boursiers a diminué la valeur de l'actif.

«Normalement, le rendement médiocre des marchés est de mauvais augure pour les régimes de retraite, mais au cours du plus récent trimestre, la hausse des taux d'intérêt a contribué à améliorer la situation pour les promoteurs de régime», estime Claude Lockhead, associé principal chez Aon Hewitt Canada.

«Le premier semestre de 2013 a été très favorable aux régimes de retraite, renchérit Michel St-Germain, partenaire du Groupe de stratégie financière de Mercer. Au cours des cinq premiers mois, on a surtout observé le solide rendement des actions, notamment sur les marchés étrangers. En juin, la hausse des taux d'intérêt a pris le relais après le repli des marchés boursiers.»

Du côté du passif, la hausse des taux d'intérêt n'a pu être que bénéfique. Jean Bergeron, associé chez Morneau Shepell, rappelle que le taux d'intérêt sur les obligations canadiennes venant à échéance dans 10 ans a augmenté de 64 centièmes depuis le 31 décembre, celui des 30 ans, de 53 centièmes, ce qui est considérable dans les deux cas.

La répartition de l'actif a aussi entraîné des rendements bien différents. Selon M. Bergeron, un portefeuille investi 60% en actions et 40% en revenus fixes a enregistré une perte médiane de 0,8% d'avril à juin, ramenant le gain à 3,4% depuis janvier. Une pondération inverse a engendré une perte de 1,3% au deuxième trimestre et ramené à 1,7% la plus-value après six mois.

Cela dit, le taux de solvabilité médian des régimes PD a augmenté de 3 points de pourcentage, selon la mesure d'Aon Hewitt basée sur un échantillon de 275 régimes issus des secteurs public, parapublic et privé et répartis d'un océan à l'autre. Le taux est passé de 74% au 31 mars à 77% au 30 juin. Un an plus tôt, il avait atteint un creux historique de 66%.

La solvabilité est un concept actuariel qui vise à mesurer la capacité d'un régime à remplir ses engagements en cas de terminaison. Un taux de solvabilité de 77% signifie que la rente d'un retraité présent ou futur serait ramenée définitivement à 77% de sa valeur actuelle ou promise, en cas de terminaison provoquée par la faillite du promoteur.

La pleine solvabilité n'a pas été observée depuis l'éclatement de la technobulle, à la fin de 2001.

Déficit de solvabilité

Encore 95% des régimes PD canadiens accusent un déficit de solvabilité, malgré les coûteuses cotisations d'équilibre qu'y versent leurs promoteurs.

En vertu de la loi, un employeur a jusqu'à cinq ans pour rétablir la pleine solvabilité d'un régime. Depuis 2009 toutefois, les promoteurs de régimes sous la supervision de la Régie des rentes du Québec peuvent étaler le renflouement de leur régime sur une période maximale de 10 ans. Ces mesures d'exception prennent fin toutefois le 31 décembre.

Au printemps, un comité d'experts présidé par Alban D'Amours a soumis un vaste rapport, intitulé Innover pour pérenniser le système de retraite, dans lequel il propose un bouquet de mesures pour rénover les régimes PD et en assurer la viabilité, voire l'épanouissement. L'Assemblée nationale est censée s'en saisir à la reprise de ses travaux, à l'automne.