Siemens a mis un point final lundi à sa collaboration avec Nokia dans les réseaux et équipements télécoms, en vendant au Finlandais sa part dans leur coentreprise, nouvelle étape dans la vaste restructuration entreprise par l'industriel allemand.

Pour ses 50 % dans cette entreprise commune, Nokia Siemens Networks (NSN), Siemens va récupérer 1,7 milliard d'euros principalement en numéraire de la part de Nokia, un prix jugé «plutôt juste» par Jasko Terzic, analyste de DZ Bank.

Cette décision concernant NSN, dont l'avenir était sujet à caution depuis plusieurs mois, a été bien accueillie en Allemagne et en Finlande. À la Bourse de Francfort, l'action Siemens était en tête de l'indice Dax avec une hausse de 2,09 % à 79,27 euros vers 12 h GMT, tandis que l'action Nokia bondissait de 7,31 % à 3,054 euros à la Bourse d'Helsinki.

«S'il était attendu que Siemens vende sa part, l'accord d'aujourd'hui (lundi) est bon», souligne M. Terzic.

Après avoir un temps espéré une introduction en Bourse, Siemens ne cachait plus son intention de se désengager de la coentreprise créée en 2007. L'arrivée à échéance d'un pacte d'actionnaires en avril lui a rendu la voie libre.

La presse avait spéculé sur différents scénarios, notamment une entrée en piste du Français Alcatel-Lucent ou une vente à des fonds d'investissement.

Finalement, c'est la solution la plus simple qui a porté ses fruits, avec Nokia récupérant la totalité de la coentreprise, désormais concentrée sur les réseaux haut débit mobile au prix d'un redressement à marche forcée qui a vu la suppression de milliers d'emplois.

«C'est en quelque sorte un retour à l'époque où Nokia avait du succès», avant le partenariat avec Siemens, quand le Finlandais était encore le numéro un mondial du téléphone portable, a estimé Ari Hakkarainen, analyste chez Andalys.

La clôture de l'opération est attendue au 3e trimestre.

Bénéfice de 3 millions d'euros

Pour Nokia, cette nouvelle signifie la mise en sourdine des spéculations sur son propre rachat, NSN l'ayant aidé à maintenir ses finances. Au premier trimestre, NSN, qui portera un nouveau nom, a réalisé un petit bénéfice de 3 millions d'euros.

Vu la morosité actuelle dans le secteur des mobiles, Ari Hakkarainen juge toutefois «assez probable» que Nokia finisse par vendre soit son activité mobile, soit l'activité réseaux. «C'est difficile d'imaginer quelqu'un qui voudrait acheter les deux. Nokia veut se mettre ainsi dans une position où l'une ou l'autre peuvent être achetées», explique l'analyste.

Le quotidien finlandais Helsingin Sanomat rapporte que NSN prévoit de céder aussi ses activités de fabrication, soit six usines. Les sous-traitants chinois Foxconn, singapourien Flextronics et américains Sanmina-SCI et Jabil Circuit seraient sur les rangs pour un prix de 500 à 600 millions d'euros. «Tout en étant toujours à la recherche de manières d'être plus efficaces, nous n'avons aucune annonce à faire concernant la production de réseaux de NSN», a seulement déclaré à l'AFP une porte-parole de NSN.

Avec cette cession, Siemens se désengage de son côté un peu plus du secteur télécoms, après la vente en 2008 de la plupart de son activité dans les téléphones fixes et poursuit sa restructuration destinée à se concentrer sur les activités les plus porteuses, comme les centrales électriques ou la fabrication de trains.

Le groupe a déjà décidé de faire une croix sur son activité dans le solaire, faute d'avoir trouvé un acheteur. Et lundi prochain doit voir l'entrée en Bourse de sa branche d'ampoules électriques Osram.

Cette opération, qui se fait via une «spin-off» de la maison mère faute d'avoir réussi à le mettre directement sur le marché, valorise les 80,50 % d'Osram à 2,6 milliards d'euros. Le reste du capital de la société, mise à mal par la révolution énergétique dans l'éclairage, restera dans les mains de Siemens.