Revigoré en Bourse par un retour aux profits, Europacorp a annoncé vendredi la prochaine étape de sa mue: l'ouverture d'une dizaine de multiplex en France et peut-être même à l'étranger.

Le premier de ces complexes cinématographiques de nouvelle génération ouvrira ses portes le 16 octobre en région parisienne, dans le centre commercial d'Aeroville à Roissy, et le deuxième à Marseille au second semestre 2015.

Ils seront suivis de «huit à dix autres d'ici cinq à sept ans», selon le directeur général Christophe Lambert.

Le multiplex d'Aeroville comprendra 12 salles et pourra accueillir 2500 personnes pour un investissement de 12 millions d'euros.

Il entend bien changer «totalement le paradigme économique des multiplex traditionnels», explique M. Lambert.

Jusqu'ici, les exploitants privilégiaient plutôt le taux de remplissage des salles et une circulation rapide des spectateurs pour les inciter à passer le moins de temps possible au cinéma.

Le multiplex «nouvelle génération» veut appliquer le principe inverse, en devenant un «vrai lieu de vie» et surtout d'expériences multiples de consommation sur place (pop corn, livres et autres produits dérivés).

Le prix du billet variera selon «la nature de la place, de la salle et des prestations» proposées avant et après la séance. Il pourra atteindre jusqu'à 25 euros, contre environ 10 euros dans un cinéma traditionnel.

Il s'agit pour M. Lambert d'enrichir l'expérience en salle par rapport au «home vidéo» et surtout de rapprocher la marque Europacorp du grand public.

Le bras droit de Luc Besson - le cinéaste reste de loin le premier actionnaire d'Europacorp - espère ainsi atteindre le seuil de rentabilité, à 700 000 entrées, «dès la deuxième année», avec la promesse de «retours sur investissements très importants une fois le point mort dépassé».

Et une fois le modèle éprouvé dans l'Hexagone, Europacorp ne s'interdit pas de le franchiser au-delà des frontières.

Avec ce nouveau métier d'exploitant, dévolu jusqu'ici à une poignée d'indépendants et aux deux mastodontes que sont UGC et Gaumont, la mini «major» de Luc Besson franchit une nouvelle étape de sa mue amorcée en 2011 sous la houlette de M. Lambert.

Les séries télés tirent la rentabilité

La première étape visant à se diversifier dans la production de séries télévisées s'est soldée l'an dernier par un retour à la rentabilité.

Le groupe affichait ainsi à l'issue de l'exercice achevé fin mars un bénéfice de près de 20 millions d'euros, après un timide retour à l'équilibre un an plus tôt qui s'était traduit par un résultat net à peine positif de 100 000 euros.

Ce redressement a été notamment permis par la montée en puissance de la production de séries télé avec des titres à succès comme XIII ou No Limit. Ce secteur génère aujourd'hui 15% du chiffre d'affaires contre 5,2% l'an dernier et zéro il y a deux ans.

Les séries télé on ainsi généré à elles seules plus de 28 millions d'euros de recettes, confortant la stratégie impulsée par M. Lambert pour développer les sources de revenus récurrents.

La société, à qui certains analystes reprochaient d'être «un peu sous-capitalisée», a par ailleurs augmenté de 48% ses capitaux propres, grâce au succès d'une recapitalisation en numéraire réalisée en février.

M. Lambert se dit «serein» pour la suite et met en avant de «très bonnes perspectives» pour cette année.

Un analyste de Gilbert Dupont, Jean-Baptiste Sergeant, partage sans réserve cet optimisme: «le modèle Europacorp devrait continuer à tourner à plein régime» tout au long de l'exercice.

De leur côté, les analystes de Natixis ont relevé leur objectif de prix à de 5,1 à 5,5 euros en recommandant d'acheter l'action Europacorp.

Le titre a clôturé la séance de vendredi en hausse de 7,08%,à 3,93 euros.