La Réserve fédérale américaine (Fed) entend ralentir dès l'automne le rythme de ses achats d'obligations du Trésor et de créances adossées à des actifs hypothécaires, si l'économie et le marché du travail continuent de prendre du mieux.

Cette troisième ronde de détente quantitative (DQ3) pourrait ralentir davantage, début 2014, et prendre fin en milieu d'année. Le taux de chômage, présentement à 7,6%, devrait alors avoir diminué «dans le voisinage de 7%», a indiqué hier son président, Ben S. Bernanke, dans des remarques précédant sa conférence de presse trimestrielle. Quand la DQ3 a été lancée en septembre dernier, le taux de chômage était de 8,1%.

Bien que plusieurs prévisionnistes évoquaient depuis quelques semaines pareil scénario, les marchés l'ont fraîchement accueilli. Les indices boursiers new-yorkais ont abandonné plus de 1% de valeur. Par-dessus tout, le taux des obligations du Trésor venant à échéance dans 10 ans a augmenté de 15 points, ce qui est considérable en une seule journée, à 2,35%.

Autre signe de mécontentement, le billet vert s'est apprécié face aux autres monnaies américaines, dans les minutes suivant l'annonce.

En conférence de presse, M. Bernanke a tenté d'expliquer qu'une diminution progressive des achats d'obligations et de créances (45 et 40 milliards par mois actuellement) n'a rien d'un resserrement monétaire puisque le bilan de la Fed continue de gonfler. «On n'applique pas les freins, on pèse moins fort sur l'accélérateur afin de réussir un atterrissage en douceur», a-t-il argué.

Lorsque la DQ3 aura pris fin, la Fed continuera de réinvestir le principal et les intérêts des titres dans son portefeuille arrivés à échéance. Il a même ajouté que plusieurs membres du Comité de politique monétaire rechignent à cesser les achats de créances hypothécaires par crainte d'étouffer la reprise du marché de l'habitation.

Il a finalement souligné que, si l'économie ou le marché du travail cessait d'évoluer positivement, la DQ3 pourrait être prolongée.

Dans le communiqué annonçant la reconduction de la DQ3 et de la fourchette de 0% à 0,25% de flottement du taux directeur, en place depuis décembre 2008, la Fed note «que les risques baissiers aux perspectives de l'économie et de l'emploi ont diminué depuis l'automne».

En revanche, la faiblesse récente des indicateurs d'inflation serait due à «des facteurs transitoires» alors que les perspectives inflationnistes restent stables.

Fait à signaler, un deuxième dissident s'est joint à Esther L. George, qui juge la politique monétaire trop accommodante. James Bullard se situe à l'opposé, en souhaitant que la Fed défende plus énergiquement sa cible d'inflation, ce qui revient à détendre davantage le loyer de l'argent.

La progression de l'inflation des dépenses personnelles de consommation (PCE) n'était que de 0,7% le mois dernier. Les 19 membres (votants et non votants) du Comité de politique monétaire estiment d'ailleurs que le taux du PCE se situera dans une fourchette de 0,8% à 1,2% en fin d'année et ne pourrait rejoindre la cible de 2% qu'à la fin de 2015.

La prévision de croissance économique a été revue de deux crans à la baisse pour 2013 (une fourchette de 2,3% à 2,6%), mais relevée d'un cran pour 2014 (de 3,0% à 3,5%).

L'estimation du taux de chômage pour la fin de 2013 est abaissée de deux dixièmes (entre 7,2% et 7,3%). Il pourrait même atteindre 6,5% dès la fin de 2014.

M. Bernanke a répété que cela ne signalerait pas le début d'une hausse du taux directeur: «6,5% n'est pas une cible, mais un seuil», a-t-il rappelé. Il pourrait s'écouler beaucoup de temps entre les deux événements, surtout si le taux d'inflation demeure bien faible.

Il est d'ailleurs utile de signaler que 15 des 19 membres croient que c'est seulement en 2015 qu'une première hausse du taux directeur pourrait survenir. En mars, ils étaient 14.