Les états financiers des télés généralistes privées continuent de ressembler à des montagnes russes. En 2012, les chaînes de TVA, V, CTV, Global et City ont vu leurs profits fondre de 151,6 millions à 22,9 millions. Leur marge de profit est passée de 7,1% à 1,1%.

«Chaque année, ça risque d'être encore plus difficile pour la télé généraliste, qui doit s'ajuster aux nouvelles plateformes de diffusion», dit le consultant Richard Paradis, président du Groupe CIC. D'autant plus que la Cour suprême du Canada leur a refusé, en décembre dernier, la possibilité de négocier des redevances sur l'abonnement au câble avec les distributeurs.

La télé généraliste souffre plus que jamais du syndrome des deux solitudes: rentable au Québec, déficitaire au Canada anglais. Selon les chiffres dévoilés hier par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), les chaînes généralistes québécoises (TVA, V, ainsi que les chaînes anglos CTV, Global et City à Montréal) ont généré des profits de 28,1 millions, comparativement à des pertes 5,2 millions pour CTV, Global et City dans le reste du pays pour l'année financière se terminant le 31 août 2012.

La semaine dernière, le Groupe TVA a toutefois annoncé l'abolition de 90 emplois, soit 4,5% de sa main-d'oeuvre. «Le Québec est un marché plus isolé à cause de la langue et des habitudes d'écoute, mais même TVA reconnaît que c'est plus difficile», dit le consultant Richard Paradis.

Au pire de la crise du petit écran, les chaînes généralistes dans l'ensemble du pays avaient perdu 116 millions en 2009, avant de retrouver le chemin de la rentabilité (" 5,6 millions en 2010, " 151,6 millions en 2011 et " 22,9 millions en 2012). Durant cette période de montagnes russes, les télés généralistes du Québec sont restées rentables (de 23,3 à 41,3 millions de profit par an).

Chaînes spécialisées rentables

La rentabilité des chaînes généralistes privées n'a aucune commune mesure avec celle des chaînes spécialisées et payantes, qui peuvent compter sur les redevances des abonnés en plus des revenus de publicité. En 2012, les chaînes spécialisées ont généré des bénéfices avant intérêts et impôts de 916,6 millions (marge de profit de 23%), comparativement à des profits de 22,9 millions (marge de profit de 1,1%) pour les chaînes généralistes.

Les chaînes généralistes privées ont 25% des parts d'écoute au Canada anglais et 32% au Québec, comparativement à 50% au Canada anglais et 44% au Québec pour les chaînes spécialisées.

En comptant la dépréciation des actifs intangibles et les autres ajustements comptables, les chaînes généralistes privées ont fait des pertes nettes avant impôts de 31,3 millions en 2012, contre des profits nets avant impôts de 140 millions en 2011.

Selon le CRTC, Radio-Canada a fait des profits avant intérêts et impôts de 3,5 millions en 2012. La société d'État équilibre son budget chaque année mais n'utilise pas la même année financière que le CRTC.