À l'ère de Netflix et des nouvelles plateformes de diffusion, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) veut repenser la réglementation de la télévision. Une réflexion d'au moins deux ans avec comme objectif de donner plus de choix aux consommateurs.

Mais le président du CRTC, Jean-Pierre Blais, se défend bien d'amorcer un processus de déréglementation. «Je ne sais pas si nous allons changer beaucoup de choses, mais nous sommes ouverts aux changements. Tout sera sur la table. Étant donné la vitesse des changements technologiques, c'est le temps de faire cette réflexion [sur la télévision], et nous voulons entendre les Canadiens», dit-il en entrevue à La Presse Affaires.

Si l'organisme réglementaire avait laissé planer quelques indices sur sa réforme à venir - notamment en annonçant une consultation avec les Canadiens lors de la publication de son plan triennal le mois dernier -, son président a annoncé officiellement ses intentions hier au cours d'un discours au Festival mondial des médias de Banff, en Alberta.

Une tournée du pays

L'automne prochain, le CRTC commencera ainsi une tournée du pays pour entendre les citoyens sur l'état de leur télévision. «Nous allons sortir de la région d'Ottawa et nous espérons que les universités organisent des colloques pour alimenter notre pensée», dit Jean-Pierre Blais.

Normalement, le Conseil devrait tenir ensuite des audiences publiques avec l'industrie sur les changements proposés. Un processus qui pourrait prendre deux ou trois ans.

Réforme de la réglementation égale-t-elle déréglementation? Jean-Pierre Blais s'en défend bien. «Les entreprises qui nous disent constamment qu'il faut déréglementer, mais on n'est pas encore d'accord sur l'objectif voulu. Il faut définir l'objectif ensemble avec les Canadiens avant de regarder les moyens. Peut-être [faudra-t-il déréglementer] dans certaines circonstances, mais les forces du marché n'atteindront pas toujours l'objectif voulu», dit Jean-Pierre Blais, qui a été nommé par le gouvernement Harper à la tête de l'organisme il y a un an.

Dans son premier dossier d'importance comme président du CRTC, il a refusé, en octobre dernier, l'achat d'Astral par Bell (une deuxième version de la transaction est actuellement à l'étude).

Un dossier chaud

Un dossier chaud au Canada anglais (mais pas au Québec) qui sera assurément discuté au cours de la tournée pancanadienne du CRTC: les forfaits déterminés à l'avance par les distributeurs, au lieu de laisser le client choisir ses chaînes.

«Nous sommes conscients d'une certaine frustration du public par rapport au manque de choix, dit Jean-Pierre Blais. Au Québec, le modèle de Vidéotron a su offrir un peu plus de choix. Bell s'est alignée avec des modèles très semblables au Québec, mais pas nécessairement dans le reste du pays.»

L'accessibilité des chaînes et l'offre télévisuelle aux minorités linguistiques et culturelles seront aussi au centre des discussions.