La Banque mondiale (BM) table sur un ralentissement de la croissance sur le globe en 2013, plombée une nouvelle fois par la zone euro, mais estime que l'économie devient plus «stable» qu'avant la crise, selon ses prévisions semestrielles publiées mercredi.

La Banque attend 2,2% de croissance cette année sur l'ensemble du globe et +5,1% dans les pays en développement, traduisant un léger recul par rapport à 2012 (+2,3%) et à ses précédentes prévisions de janvier (+2,4%).

«Nos projections sont à peu près similaires à celles d'il y a six mois et dans une économie mondiale turbulente, le fait d'avoir deux périodes sans grand changement est une bonne nouvelle», a commenté le chef économiste de la Banque mondiale, Kaushik Basu, lors d'une conférence de presse.

Sans surprise, la révision est la plus brutale pour la zone euro (de -0,1% à -0,6%), où la croissance reste freinée par «un faible niveau de confiance et une restructuration budgétaire et bancaire toujours en cours», selon le rapport de la Banque mondiale.

Victime collatérale de la crise de la zone euro, un de ses principaux partenaires commerciaux, la région du Maghreb et du Moyen-Orient continue en outre de subir les contrecoups du printemps arabe même si des signes d'«amélioration» se font sentir en Tunisie et au Maroc, selon les experts de la Banque qui prévoient 2,5% de croissance pour cette zone.

L'Afrique subsaharienne devrait de son côté mieux résister cette année et connaître une expansion «robuste» de 4,9%, portée principalement par «une forte demande intérieure» et une «hausse» des transferts d'argent des migrants.

Deuxième puissance économique mondiale, la Chine devrait voir sa croissance fulgurante décélérer cette année de 0,1 point, à +7,7%, ce qui permettra de corriger certains excès et notamment le niveau d'investissement «intenable» dans le pays, selon la Banque.

Les prix des matières premières, dont la flambée a déstabilisé l'économie mondiale, ont par ailleurs commencé à «fléchir», s'est réjoui M. Basu, même si les revenus de certains pays exportateurs pourraient en pâtir.

De manière globale, la Banque estime que les risques économiques ont reculé pour laisser place à une période moins «volatile», débarrassée des excès qui ont prévalu avant l'éclatement de la crise en 2008.

«Nous nous dirigeons vers une période où la croissance va être plus lente mais moins sujette aux fortes fluctuations, notamment en provenance du secteur bancaire», a estimé Andrew Burns, coordinateur du rapport, ajoutant que la très forte croissance d'avant la crise reposait sur des bases friables, et notamment sur des «bulles financières».

La BM, tout en saluant l'action anticrise des grandes banques centrales, met toutefois en garde contre une fin brutale des politiques d'assouplissement monétaire, qui ont alimenté des flux de capitaux «très volatils» vers les pays émergents.

En cas de remontée des taux d'intérêt aux États-Unis ou au Japon, les investisseurs pourraient être tentés de retirer leurs fonds des pays émergents, au risque de les déstabiliser.

«La clarté et la crédibilité des stratégies de communication de la (Banque centrale américaine) Fed et de la Banque centrale du Japon seront très importantes», a souligné M. Burns.