Après sa décrue en mars, le déficit commercial américain s'est aggravé en avril et a même flambé vis-à-vis de la Chine, à l'heure où la politique économique offensive menée par Pékin est décriée aux États-Unis, mais également en Europe.

Chroniquement déficitaire, le solde des échanges de biens et de services des États-Unis avec le reste du monde a fait grise mine en avril, selon les chiffres publiés mardi par le département du Commerce.

Le déficit de la première économie mondial s'est établi à 40,3 milliards de dollars, marquant une hausse de 8,5% par rapport à mars où il avait fondu de 15,2%, d'après des données corrigées des variations saisonnières.

Attendue par les analystes, cette aggravation tient à une poussée des importations (+2,4%) deux fois plus forte que celle des exportations, notamment dans le secteur des biens de consommation (téléphones portables...) et de l'automobile.

Les chiffres ne remettent certes pas en cause la «tendance à la baisse du déficit enclenchée début 2012», assure l'économiste Chris Low de FTN Financial, qui prévoit une décrue continue pendant le deuxième trimestre.

Mais l'analyse des données pays par pays fait apparaître une explosion du déficit sur les échanges de biens avec la Chine à quelques jours de la rencontre entre le président américain Barack Obama et son homologue chinois Xi Jinping, vendredi et samedi en Californie (ouest).

Après avoir reculé en février et mars, ce déficit a flambé de 34,6% en avril pour atteindre 24,1 milliards de dollars, sous l'effet cumulé d'une poussée de 21,2% des importations chinoises et d'un repli de 4,2% des exportations américaines vers Pékin, selon des données non corrigées des variations saisonnières.

D'après l'économiste indépendant Joel Naroff, les récents signes de ralentissement de la croissance apparus en Chine ont «conduit à une réduction des ventes vers ce pays» et poussé Pékin à intensifier ses exportations vers les États-Unis pour combler son propre déficit commercial constaté en mars.

«Sans surprise, la Chine a expédié bien plus de biens vers les États-Unis (...). C'est une certitude: quand un pays a des problèmes économiques, il dope ses ventes vers les États-Unis», souligne M. Naroff.

Cette flambée du déficit chinois ne doit pas réjouir l'administration Obama qui cherche depuis plusieurs années à réduire les déséquilibres commerciaux avec la Chine, accusée de pratiques déloyales et de sous-évaluer sa monnaie pour doper ses exportations.

Pour le moment, les efforts américains n'ont pas porté leurs fruits. Sur l'ensemble de l'année 2012, le déficit avec la Chine s'est creusé de 6,7% par rapport à 2011, à 315,1 milliards de dollars, selon les données publiées mardi par le gouvernement.

L'alliance manufacturière américaine (AAM), le principal groupe de défense des intérêts industriels du pays, a aussitôt réagi en estimation qu'un tel déséquilibre rendait «difficile» l'établissement d'un «véritable partenariat» avec la Chine, deuxième puissance économique du globe.

Cette question doit «être sur la table» des discussions entre M. Obama et M. Xi, a affirmé Scott Paul, le président de l'AAM, cité dans un communiqué.

Lundi, l'AAM avait déjà envoyé une lettre à la Maison-Blanche, assurant que «les Américains perdaient patience face au refus de la Chine de respecter les règles».

Les États-Unis, qui ont déjà plusieurs fois saisi l'Organisation mondiale du commerce (OMC), ne sont pas les seuls à se plaindre des pratiques chinoises.

Mardi, la Commission européenne s'est lancée dans un bras de fer avec Pékin en instaurant une taxe les panneaux solaires chinois afin de dénoncer des pratiques de dumping et sauvegarder l'industrie photovoltaïque européenne.