L'économie américaine a bénéficié d'un rebond de la consommation des ménages au premier trimestre malgré une réduction des dépenses publiques, révèlent des chiffres officiels publiés jeudi.

Le PIB a progressé de 2,4% en rythme annualisé de janvier à mars, a indiqué le département du Commerce, qui a révisé en baisse de 0,1 point sa première évaluation publiée le mois dernier.

Les analystes tablaient sur un rythme inchangé de 2,5%.

Une des meilleures nouvelles du tableau réside dans la légère révision à la hausse de la consommation des ménages, en progrès de 3,4% en rythme annualisé (contre 3,2% selon la précédente estimation et seulement 1,8% au quatrième trimestre).

Ces dépenses de consommation ont contribué pour 2,4 points à la croissance trimestrielle. Mais la demande intérieure finale pour les produits américains est encore poussive, même si elle a été également révisée en hausse, passant de 1,5% à 1,8%.

«La tendance est plus équilibrée», assure Nariman Behravesh, du cabinet de conseil IHS, qui note que la croissance des dépenses de consommation est à son plus haut niveau depuis deux ans.

La légère révision de la croissance trimestrielle s'explique par des augmentations moins fortes que précédemment estimées dans les exportations, les importations et les achats de stocks.

Ombre au tableau, cette hausse des dépenses s'est faite en dépit d'une chute plus importante qu'estimée du revenu disponible des Américains.

Amputé par les augmentations des cotisations salariales établies par l'administration Obama, le revenu disponible des ménages a en effet reculé de 8,4%, signe que les Américains ont encore puisé dans leurs économies.

Les effets des coupes budgétaires attendus

En cette période de réduction budgétaire, les dépenses publiques ont en outre baissé davantage que précédemment estimé (-4,9%), ôtant presque un point de croissance au PIB.

D'une manière générale, ces chiffres ne devraient pas conduire la Réserve Fédérale américaine à resserrer rapidement sa politique monétaire, estiment les analystes.

«La croissance de l'économie n'est pas suffisamment solide pour que les partisans de la politique monétaire accommodante ressentent le besoin de lever le pied, même très légèrement», estime l'économiste indépendant Joel Naroff.

La récente publication de bons indicateurs mensuels, notamment un rebond du moral des ménages au plus haut depuis cinq ans en mai et une hausse à deux chiffres des prix des logements neufs (10,9%) en mars, a relancé le débat sur le moment que choisira la Fed pour réévaluer sa politique monétaire.

La semaine dernière, son président Ben Bernanke a indiqué qu'un ajustement des injections de liquidités dans le système financier (via des achats de bons du Trésor notamment) pourrait intervenir «au cours des prochaines réunions» s'il y avait «des signes évidents de croissance forte et durable».

Mais jeudi, les nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage étaient à nouveau en hausse. Le taux de chômage, qui poursuit une très lente régression, est à 7,5% en avril, représentant pas moins de 11,6 millions d'Américains sans emploi, auxquels il faut ajouter 8 millions qui travaillent à temps partiel, faute de trouver mieux.

Après les hausses d'impôt au premier trimestre, les coupes budgétaires automatiques déclenchées en mars par le Congrès devraient affecter sensiblement les performances du trimestre en cours, avertissent les analystes.

«Le plus fort impact des coupes budgétaires se fera sentir durant le trimestre en cours et ses effets dureront jusqu'à la fin de l'année», prévient M. Behravesh.