Après avoir connu ses pires mois en quatre ans, le marché de l'emploi canadien a affiché un résultat légèrement positif pour avril, dégageant un gain net de 12 500 emplois - tous à temps plein -, ce qui pourrait signaler que son long hiver de contraction est peut-être terminé.

Cette modeste reprise a compensé une partie des 54 500 pertes d'emplois du mois de mars, mais elle n'a pas réussi à faire bouger le taux de chômage, qui est resté à 7,2 pour cent.

Le gain ne permet pas non plus de renverser complètement les pertes des trois premiers mois de l'année, ce qui fait en sorte que le Canada compte environ 13 000 emplois de moins qu'au 1er janvier.

Selon des économistes, ce résultat est plus conforme à celui attendu dans un contexte de lente croissance économique et il pourrait se répéter dans les mois à venir.

L'analyste Jimmy Jean, de Desjardins Marché des capitaux, croit que le plus récent rapport sur l'emploi pourrait marquer le retour à des résultats plus «normaux».

«Compte tenu des modèles de croissance que nous observons en ce moment, c'est le genre de création d'emplois que nous devrions normalement voir. C'est un chiffre décent», a-t-il expliqué.

Gains dans la fabrication

Parmi les éléments positifs du rapport se trouvait l'ajout de 36 000 emplois à temps plein le mois dernier, ce qui a été mitigé par la disparition de 23 600 emplois à temps partiel. En outre, tous les nouveaux emplois étaient destinés à des employés, plutôt qu'à des travailleurs autonomes. Le secteur de la fabrication a ajouté 20 600 emplois, sa meilleure performance mensuelle en près d'un an.

Par contre, tous les gains ont été observés dans le secteur public - les employeurs du secteur privé ont en fait aboli 20 000 emplois.

Cela va à l'encontre des attentes compte tenu du fait que plusieurs gouvernements au Canada ont choisi de se serrer la ceinture pour atténuer leurs déficits, mais Statistique Canada a noté que les chiffres d'avril étaient conformes à une tendance déjà en place depuis un an. Ces 12 derniers mois, le secteur des gouvernements a créé 93 500 emplois, tandis que le secteur privé n'en a ajouté que 10 000.

L'emploi chez les jeunes de 15 à 24 ans a reculé de 19 000 emplois en avril, tandis que le taux de chômage de ce groupe d'âge a grimpé de trois dixièmes de point à 14,5 pour cent. Des économistes ont fait remarquer que les jeunes travailleurs représentent la seule catégorie étudiée par Statistique Canada qui n'a toujours pas récupéré les emplois perdus pendant la récession.

Pour les prochains mois, M. Jean s'attend à ce que la création d'emploi soit plus stable tout en restant modeste, dans les environs des 15 000 emplois par mois. L'analyste a attribué le mauvais départ du marché en 2013 à la faiblesse de l'économie dans la deuxième moitié de 2012, lorsque la croissance a ralenti à environ 0,7 pour cent en données annualisées.

Si la croissance revient à une croissance plus près de deux pour cent au premier trimestre de 2013, comme l'anticipent certains économistes, les employeurs pourraient être plus enclins à embaucher dans les mois à venir.

Taux de chômage québécois en hausse

À part le secteur de la fabrication, ceux de l'administration publique et des services de soins de santé et sociaux ont réalisé les gains les plus importants, avec des ajouts nets respectifs de 13 000 et 18 000 travailleurs.

Les pertes d'emplois les plus prononcées ont été celles du secteur du transport et de l'entreposage, qui a cédé 21 000 travailleurs. L'emploi dans le secteur des «autres services», comme les services de réparation et d'entretien ou les services personnels et domestiques, a reculé de 19 000, tandis que ceux dans les services aux entreprises, aux bâtiments et autres s'est replié de 16 000.

Du côté des données provinciales, l'Alberta a connu la hausse la plus prononcée avec 15 000 nouveaux emplois, tandis que le Manitoba a vu quelque 11 000 emplois disparaître.

Après baisse enregistrée en mars, le nombre d'emplois au Québec a progressé de 2700 et le taux de chômage a progressé d'un dixième de point à 7,8 pour cent. La création d'emploi la plus vigoureuse de la province a été observée dans la région de Montréal, avec un gain de 16 500 nouveaux emplois.

Une baisse de 3200 emplois a été enregistrée au Nouveau-Brunswick, où le taux de chômage a pris quatre dixièmes de point pour s'établir à 10,9 pour cent. En Ontario, le taux de chômage s'est maintenu à 7,7 pour cent.