SNC-Lavalin affirme «ne rien avoir à se reprocher» et n'avoir jamais «traité» avec Farid Bedjaoui, le riche playboy montréalais soupçonné par les autorités italiennes et algériennes d'avoir touché des pots-de-vin de la firme canadienne en contrepartie de contrats en Algérie.

Mais le principal intéressé, réfugié à Dubaï, prévient déjà qu'il ne coulera pas seul.

En hier entrevue avec le quotidien algérien Liberté, le vice-président Infrastructures et Construction de SNC-Lavalin, Charles Chebl, a pris clairement ses distances avec Farid Bedjaoui.

L'ex-diplômé de HEC, qui a ses attaches à Montréal, aurait pourtant été un intermédiaire incontournable de la firme d'ingénierie - et de bien d'autres entreprises voulant faire des affaires en Algérie. L'homme possède de solides appuis. Son oncle a été ministre des Affaires étrangères en Algérie. Sa femme est la fille d'un ex-ministre de la Défense libanais, dont le fils est aussi son partenaire en affaires à Dubaï.

«Notre compagnie n'a pas traité avec lui», soutient le haut dirigeant de la firme qui a succédé à Ryad Ben Aïssa.

Ce dernier est incarcéré en Suisse, en plus d'être visé par un mandat d'arrêt de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) dans le cadre de l'enquête sur des malversations dans l'attribution du contrat de construction du Centre universitaire de santé McGill.

De son côté, la justice algérienne soupçonne SNC-Lavalin d'avoir versé des pots-de-vin à Farid Bedjaoui en échange de l'obtention de contrats d'une valeur d'au moins 1 milliard auprès de la société nationale pétrolière et gazière Sonatrach.

14 milliards en contrats

Ce scandale qui agite la classe politique en Algérie a d'abord éclaté en Italie, où on enquête sur des pots-de-vin de 262 millions qui auraient été payés à M. Bedjaoui par la pétrolière Saipem, afin d'obtenir huit contrats d'une valeur de 14 milliards avec Sonatrach.

«Ce que nous savons, c'est que SNC-Lavalin a sous-traité des contrats de certains marchés à des entreprises dont M. Bedjaoui était actionnaire, mentionne Charles Chebl. On attend maintenant la suite des investigations pour en savoir plus sur ce qui a été fait véritablement.»