Le marché de l'emploi canadien a réalisé le mois dernier sa pire performance en près de quatre ans, quelque 54 500 travailleurs ayant joint les rangs des chômeurs, tous des emplois à temps plein dans le secteur privé.

«Ça ne pourrait pas être pire», a observé l'économiste en chef de la Banque de Montréal, Douglas Porter, dans une note de recherche.

La perte nette est la plus importante depuis février 2009, et malgré un léger recul du nombre de Canadiens à la recherche d'un emploi, elle a réussi à faire grimper le taux de chômage de deux dixièmes de point à 7,2 %.

Un autre rapport du département américain du Travail dévoilé en même temps vendredi a aussi montré des signes de faiblesse au sud de la frontière le mois dernier, où les employeurs n'ont affiché que 88 000 nouveaux emplois en mars - la plus faible création d'emplois en neuf mois.

Le taux de chômage américain a reculé à 7,6 %, par rapport à 7,7 % en février, mais seulement parce qu'un plus grand nombre de personnes ont cessé de rechercher un emploi.

Des économistes s'attendaient à ce que le rapport de Statistique Canada pour le mois de mars contrebalance les gains de février - qui étaient supérieurs à la tendance économique générale - mais peu prévoyaient de telles pertes. Le pays compte maintenant environ 26 000 emplois de moins qu'au début de l'année.

Encore pire: toutes les pertes ont été inscrites dans la catégorie des emplois à temps plein.

Les pertes du secteur privé ont été solides - quelque 85 400 travailleurs s'y retrouvent sans emplois.

Les seuls gains du mois de mars ont été enregistrés dans la catégorie du travail autonome, où environ 39 000 Canadiens ont créé leur propre emploi, ce qui pourrait vraisemblablement signifier que plusieurs d'entre eux n'ont pas réussi à se trouver un emploi permanent.

Les plus récents chiffres - et particulièrement la plus longue tendance sur trois mois - suggère que l'économie peine toujours à prendre son envol après s'être embourbée au deuxième semestre de 2012, lorsque la croissance n'a atteint en moyenne qu'environ 0,7 %. Le produit intérieur brut de janvier a crû de 0,2 %, mais d'autres indicateurs ont été faiblards, incluant dans le secteur de l'habitation.

Statistique Canada a en outre indiqué vendredi que le déficit commercial du Canada s'était accru à un milliard de dollars en février, les exportations ayant reculé de 0,6 %.

Parmi les secteurs ayant le plus perdu d'emplois le mois dernier se trouvent celui de la fabrication, avec une baisse de 24 200 travailleurs; celui de l'hébergement et de la restauration, qui en a éliminé 24 900; et celui des administrations publiques, qui en a retranché 24 300. Le secteur de la construction a délaissé près de 10 000 emplois.

Le gain le plus notable a été affiché par le secteur de la finance, de l'assurance et de l'immobilier, qui a créé 12 100 emplois, tandis que celui des services professionnels, scientifiques et techniques en a généré 10 300 autres.

Au chapitre des régions, l'emploi a reculé dans six des dix provinces, l'Ontario et le Québec s'étant tristement distinguées à cet égard avec des pertes nettes d'environ 17 000 travailleurs chacune. Même l'Alberta, un des marchés de l'emploi les plus vigoureux au pays, a perdu 11 300 emplois, tandis que la Colombie-Britannique en a cédé 14 800. La Nouvelle-Écosse a affiché une des hausses les plus remarquables en regard de la taille de sa population, avec la création de 2900 emplois.

Malgré la hausse du taux de chômage québécois de 0,3 point à 7,7 %, la ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale et ministre du Travail, Agnès Maltais, a refusé de se faire alarmante et a plutôt souligné les «perspectives professionnelles très positives» de la province.

«On prévoit que d'ici 2016, quelque 700 000 emplois seront à combler dans toutes les régions du Québec», a-t-elle déclaré dans un communiqué, rappelant au passage que la province comptait le mois dernier 61 600 emplois de plus qu'en mars 2012.