Depuis 10 ans, il est bien rare que les étoiles s'alignent pour favoriser les régimes de retraite à prestations déterminées, comme ce fut le cas durant l'hiver.

Et il est bien tôt encore pour préciser s'il s'agit d'un renversement de tendance ou d'un accident de parcours, voire d'un rajustement mineur.

Règle générale, les régimes ont pu améliorer leur solvabilité grâce à de bons rendements de placements, à une légère augmentation des taux obligataires à long terme et aux cotisations d'équilibre que doivent verser les promoteurs de tout régime dont le taux de solvabilité est inférieur à 100%.

Selon la firme Mercer, le rendement médian d'un portefeuille type d'un régime a atteint 4,1% de janvier à mars.

Selon la firme Aon Hewitt, 97% des régimes canadiens accusent un certain degré d'insolvabilité. Le ratio de solvabilité médian se situait à 74%, le 31 mars, soit cinq points de pourcentage de plus qu'au 31 décembre.

Un taux de solvabilité de 74% signifie que le régime pourrait honorer seulement 74% de ses engagements envers ses participants actifs et retraités, advenant sa terminaison, en cas de faillite, par exemple.

Si l'écrasante majorité des régimes accusent un déficit de solvabilité, en dépit de bons rendements et de cotisations supplémentaires versées par leurs promoteurs afin de les remettre à flot, c'est en raison de la baisse quasi continue des taux d'intérêt à long terme depuis le début du siècle et, en particulier, depuis la crise financière amorcée en 2007 et qui n'est pas encore pleinement contenue.

Les banquiers centraux sont à montrer du doigt: pour relancer le crédit, ils ont abaissé leurs taux directeurs à des creux historiques avec pour corollaire de pénaliser l'épargne, dont les régimes de retraite représentent un des plus gros bassins.

Depuis 2010, la valeur médiane de l'actif médian de l'échantillon Aon Hewitt a augmenté de 26% tandis que la valeur des obligations des régimes (leur passif) a bondi de 46%.

Il est bien facile de mesurer la valeur de l'actif: on prend la valeur de chacune des actions, obligations ou tout autre titre de propriété à un jour donné et on additionne le tout.

La valeur du passif est problématique: combien faut-il d'argent pour honorer la rente d'un retraité de 65 ans ou d'un participant toujours actif de 60 ans? Les actuaires font des calculs selon deux scénarios: sur une base de terminaison, ils évaluent la solvabilité du régime; sur une base de continuité, ils mesurent sa capitalisation.

La loi prévoit qu'un déficit de capitalisation soit amorti sur 15 ans, un déficit de solvabilité, sur cinq ans.

Au Québec pour cette année encore, un déficit de solvabilité peut être amorti sur 10 ans. Beaucoup de promoteurs souhaitent que le rapport du Comité d'experts sur l'avenir du système de retraite québécois, attendu le 17 avril, recommande de rendre permanente la période de 10 ans pour rétablir la pleine solvabilité d'un régime.

Entre-temps, les indicateurs économiques pointent vers un nouveau ralentissement aux États-Unis et au Canada.

Cela est de nature à faire reculer les Bourses... et les taux obligataires.

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PERFORMANCE INDICIELLE AU PREMIER TRIMESTRE

Bons du Trésor (30 jours) 0,2%

Indice obligataire DEX UNIVERS 0,7%

Actions canadiennes S&P/TSX 3,3%

Actions américaines S&P 500 12,9%

Europe Asie Extrême-Orient MSCI 7,4%

Marchés émergents MCSI 0,4%