Avec 150 employés, des bureaux dans six pays et des ventes annuelles entre 50 et 75 millions de dollars, Distech Controls est un secret bien gardé du Québec. Mais ça pourrait changer. L'entreprise de Brossard vient de décrocher un investissement de 38 millions qu'elle compte utiliser pour passer en vitesse supérieure.

Distech Controls fabrique des contrôleurs et des logiciels qui réduisent la consommation énergétique des bâtiments. De la Place Ville-Marie au Stade olympique en passant par le siège social de GM à Detroit, l'aréna des Kings de Los Angeles et plusieurs bases militaires américaines, ils sont installés dans plusieurs bâtiments de prestige répartis dans 60 pays.

Maintenant épaulée par de nouveaux investisseurs, dont la Caisse de dépôt, Distech veut multiplier les projets. Au menu: mettre au point de nouvelles technologies, faire des acquisitions et conquérir de nouveaux marchés.

«On a de grandes ambitions, confirme Étienne Veilleux, fondateur et président de Distech. On a réussi à faire notre place au soleil dans un marché où les barrières à l'entrée sont très grandes et on veut maintenant accélérer notre développement.»

Les nouveaux investisseurs derrière Distech ont été dévoilés il y a deux semaines. Outre la Caisse de dépôt, on trouve la société d'État fédérale EDC, le Fonds de solidarité FTQ et le fonds montréalais Investissements W2. EnerTech, un important investisseur américain qui a pignon sur rue à Montréal depuis septembre dernier, signe aussi ici son premier investissement au Québec. Un «partenaire stratégique» dont l'identité n'a pas encore été dévoilée fait aussi partie du groupe.

Distech Controls utilisera notamment ses nouveaux fonds pour augmenter sa présence dans des marchés comme l'Inde et le Brésil, où la construction de bâtiments bat son plein.

«On va aussi faire des acquisitions pour renforcer notre offre de service», dit Étienne Veilleux.

Voir l'entreprise passer aux mains d'un groupe d'investisseurs majoritairement québécois est une conclusion peu banale pour Distech, dont l'actionnaire a longtemps été une entreprise de Singapour appelée Technovator.

«On est certainement l'une des rares entreprises du Québec qui ont été vendues à des Asiatiques pour redevenir une propriété canadienne!», lance M. Veilleux.

Il s'en est fallu de peu, d'ailleurs, pour que l'entreprise bascule en mains américaines. M. Veilleux raconte qu'il était sur le point de conclure un financement aux États-Unis lorsque son ami Nicolas Bélanger, du fonds Investissements W2, l'a convaincu de tâter le terrain auprès des grands investisseurs québécois.

«J'ai été enchanté par l'idée de garder la propriété de l'entreprise au Québec, dit Étienne Veilleux. J'ai fait l'exercice et, effectivement, j'ai réussi à intéresser plusieurs partenaires.»

Une longue histoire

Distech Controls a été fondée par Étienne Veilleux en 1996 avec une vision bien simple.

«J'ai fait le pari que la gestion de l'énergie pouvait être faite avec des systèmes simples pouvant être exploités par les propriétaires de bâtiment», explique le patron, qui observait à l'époque que les produits sur le marché étaient d'une complexité rébarbative pour les clients.

Après avoir percé le marché québécois, Distech s'est attaquée aux États-Unis. Aujourd'hui, l'entreprise possède aussi des bureaux en France, en Allemagne, en Angleterre et en Australie. Environ 60% des ventes se font aux États unis, comparativement à 30% en Europe, 5% au Canada et 5% ailleurs dans le monde.

Déjà une douzaine de postes sont à pourvoir chez Distech et d'autres embauches pourraient suivre.

«D'ici quatre ans, on a l'objectif très ambitieux de carrément doubler le chiffre d'affaires», dit Étienne Veilleux.

Distech Controls

Qui: Le fondateur et président Étienne Veilleux et 150 employés.

L'idée: Des systèmes simples capables de gérer la consommation énergétique des bâtiments.

L'ambition: Doubler le chiffre d'affaires d'ici quatre ans et s'imposer comme une véritable multinationale.

Ils y croient et y ont misé de l'argent: l'entreprise de Singapour Technovator, la Caisse de dépôt, EDC, EnerTech Capital, le Fonds de solidarité FTQ, Investissements W2 et un «partenaire stratégique» dont l'identité n'a pas encore été dévoilée.