Une industrie des centres de données informatiques est en train de prendre forme au Québec. Un centre de données vertical Vert.com de 20 000 serveurs devient le premier occupant connu du nouvel Éco-campus Hubert Reeves dans le Technoparc Saint-Laurent.

Le projet avait reçu une subvention de 400 000 $ de Québec en décembre. Son emplacement n'avait pas été dévoilé jusqu'à vendredi dernier.

«On a l'intention de s'établir à l'Éco-campus Hubert Reeves parce que la philosophie de l'Éco-campus rencontre la nôtre, c'est-à-dire le mariage des technologies vertes et de l'économie numérique», a confié à La Presse, Éric Mateu, président de Vert.com, en marge d'une activité organisée par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain qui s'est tenue vendredi au Palais des congrès. On est à finaliser les partenariats financiers », a ajouté le promoteur.

Le centre de données vertical, une technologie développée à l'université Laval par Marc Parizeau, consiste à l'assemblage de modules préfabriqués qui s'érigent à la verticale plutôt qu'à l'horizontale comme traditionnellement, ce qui diminue la superficie du bâtiment et son empreinte sur l'environnement. La construction en hauteur facilite aussi le refroidissement des serveurs et donc diminue son coût d'exploitation au pied carré.

Le projet de 20 millions sur 5 ans consiste en un centre de 20 000 serveurs requérant une charge de 5 MW. La phase un du projet créerait 20 emplois directs, soutenait le promoteur en décembre. La mise en service de la première phase est prévue au printemps 2014. L'immeuble viserait la certification environnementale LEED Or et devient le premier occupant connu de l'éco-campus Hubert Reeves, le dernier cri en termes de parc industriel technologique.

L'éco-campus est doté d'une superficie de 31 hectares dans un coin encore inexploité du Technoparc, dans l'arrondissement Saint-Laurent. Le tiers de la superficie restera un milieu naturel. Le plan directeur prévoit la construction de 12 bâtiments d'une superficie totale de 75 000 mètres carrés pour des investissements totaux de 250 millions de dollars. La direction du Technoparc est prête à aller de l'avant avec son aménagement. La ville a mis de côté une enveloppe budgétaire pour les infrastructures.

En 2013, plus de 120 milliards de dollars dans le monde seront injectés dans des centres de données, selon le gouvernement du Québec. La province se taille déjà une pointe de la tarte. Telus a inauguré un centre de données à Rimouski en décembre. La française OVH s'est installée dans l'ancienne aluminerie d'Alcan à Beauharnois. Récemment, Cogeco a acheté l'ancien immeuble de Hewlett Packard à Kirkland pour y loger son centre de données dont l'aménagement nécessitera une somme de 100 millions sur dix ans.

Le Québec a des atouts pour attirer des centres de donnés en raison de ses surplus énergétiques disponibles à faible coût et le froid de ses hivers qui abaisse la facture annuelle d'énergie liée au refroidissement des serveurs. «Cette industrie est énergivore, mais à contresens des besoins de la population québécoise», a expliqué M. Mateu. Au Québec, le gros de la demande survient l'hiver, pendant la saison du chauffage, alors que les centres de données ont besoin de se rafraîchir l'été.

Dans une étude publiée à la fin de l'été 2011, la firme américaine Tier 1 Research a placé Montréal au sixième rang des pôles nord-américains les plus prometteurs en matière d'hébergement et de stockage de données.