Un autre analyste se prononce fortement en défaveur des chances de réussite de BlackBerry, dont il qualifie le lancement du modèle Z10 de «médiocre, au mieux».

Tim Long, de BMO Marché des capitaux, a profité de la clôture du premier trimestre de l'entreprise depuis l'introduction de sa plateforme BlackBerry 10 pour réévaluer sa position. Les résultats de ce premier trimestre seront connus le 28 mars.

M. Long n'y va pas de main morte pour décrire les perspectives de la compagnie canadienne. « Nous croyons que l'adoption initiale du Z10 a été médiocre, au mieux, et nous nous inquiétons du lancement américain, en mars. »

En conséquence, il ne croit pas que l'entreprise soit en mesure de réaliser des profits avant au moins son année financière 2016.

Selon lui, à peine 275 000 exemplaires du Z10 ont trouvé preneur depuis son lancement, au début février. C'est très loin des premières prévisions des analystes, qui entrevoyaient des ventes allant d'un à deux millions d'exemplaires.

L'introduction imminente du Z10 sur l'important marché américain, ce mois-ci, ne sera vraisemblablement pas plus concluante, selon M. Long, qui prévoit des ventes d'à peine un million d'appareils au cours du trimestre qui vient de s'amorcer, puis de sept millions d'autres lors de l'année suivante.

En comparaison, Apple a écoulé 47,8 millions d'iPhone au cours du dernier trimestre.

Pire, selon l'analyste, les ventes de Z10 ne permetteront pas à BlackBerry d'attirer de nouveaux clients.

« Nous croyons que la vaste majorité des ventes de produits sous la plateforme BB10 seront faites auprès d'utilisateurs actuels de BlackBerry, écrit-il. Même si le matériel peut maintenant rivaliser d'égal à égal avec l'iPhone et les appareils Android, nous croyons que l'écosystème est toujours déficient. »

La base mondiale d'utilisateurs de BlackBerry a connu le premier recul de son histoire lors du dernier trimestre, passant d'environ 80 millions à 79 millions. Mais selon M. Long, ces chiffres masquent une réalité encore plus difficile.

« Nous croyons que la base d'utilisateurs a été gonflée au cours de la dernière année puisqu'il y a eu 10 millions plus d'activations que d'appareils vendus par BlackBerry. Cela signifie que des appareils déjà en stock chez les détaillants ont été écoulés au rabais et que des abonnés ont ainsi été ajoutés. Nous prévoyons une perte d'un million d'abonnés par trimestre, mais ce pourrait aussi être pire. »

Baisse des revenus

M. Long s'inquiète aussi de la diminution, voire de la disparition, des revenus que percevait BlackBerry auprès des opérateurs mobiles.

Les plateformes précédentes de BlackBerry nécessitaient l'installation, chez les opérateurs, d'équipements permettant notamment le cryptage et la compression des données, ou encore l'utilisation du service de messagerie BlackBerry Messenger.

En retour, BlackBerry percevait de ses opérateurs des frais mensuels pour chaque abonné « grand public ». Une structure différente était appliquée aux utilisateurs en entreprise.

Ces frais, qui étaient uniques à BlackBerry et rendaient ainsi ses produits moins attrayants pour les opérateurs, généraient une marge de profit brute de 80%, s'inquiète M. Long.

Pour toutes ces raisons, l'analyste fixe le cours cible de l'action de BlackBerry à 9$, le même qu'ont adopté avant lui d'autres analystes pessimistes, notamment chez Canaccord Genuity et Pacific Crest Securities.

L'action de BlackBerry a terminé la semaine à 13,61$, en baisse de 2,6%, hier à la Bourse de Toronto.