Un demi-million de Canadiens s'absentent chaque jour du travail pour des problèmes de santé mentale. Les entreprises s'inquiètent de l'impact de l'épidémie sur la disponibilité de leur main-d'oeuvre et des coûts croissants qui y sont rattachés.

La donnée a été divulguée la semaine dernière par Diane Champagne, conseillère principale chez Mercer, dans le cadre d'un colloque sur la concertation sur la santé psychologique au travail, organisé par le Conseil du patronat du Québec (CPQ).

Au Québec, la situation n'est pas plus rose. Les problèmes de santé mentale expliquent 30% des absences au travail et la moitié des journées perdues pour cause de maladies, avance le CPQ.

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), un quart de la population mondiale sera un jour victime de problème de santé mentale.

«La première préoccupation des employeurs dans le cas des maladies mentales est la perte de main-d'oeuvre, dit Carmel Laflamme, vice-présidente, santé et sécurité, du Conseil du patronat. On n'a pas nos gens au travail. Nos gens sont souffrants et ne sont pas là. Nous perdons l'expertise.»

Le Conference Board du Canada estime à 20,7 milliards de dollars les coûts annuels de la maladie mentale au Canada.

Plus précisément, les coûts pour l'entreprise prennent la forme d'absences, de pertes de productivité, d'absentéisme, de présentéisme, d'invalidité à court et long termes, de remplacement de personnel, de médicaments et de frais paramédicaux et de primes d'assurance en hausse.

Une responsabilité partagée

Malheureusement, les facteurs de risque ne sont pas toujours contrôlables par l'employeur.

D'après les recherches d'Alain Marchand, professeur à l'École des relations industrielles de l'Université de Montréal et membre de l'équipe de recherche sur le travail et la santé mentale, le poids des facteurs relatifs au travail équivaut seulement à 40% des déterminants de la santé mentale, les 60% restants reposent sur l'individu, sa famille et la société.

L'employé a ses responsabilités pour prévenir la maladie mentale tout comme le réseau public de la santé, soutient le CPQ. Par exemple, l'individu court moins de risques de souffrir de problèmes psychologiques s'il a de bonnes habitudes de vie. Quant au secteur de la santé, il lui incombe d'agir au chapitre de la prévention et la diffusion de l'information auprès de la population en général.

Parmi les responsabilités de l'employeur, celui-ci se doit d'offrir des conditions de travail convenables, dans un milieu exempt de harcèlement. On entend par conditions de travail ce qui est relatif aux horaires, à la charge de travail, à la civilité au travail.

«On veut demander à nos gens de nous donner leurs bonnes pratiques et de faire un inventaire», dit Carmel Laflamme. Au terme du processus de consultation auprès de ses membres, le Conseil du patronat rendra disponibles des outils pour prévenir les problèmes liés à la santé mentale au travail.

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La santé mentale en chiffres