Hier, c'était Mardi gras. C'est donc dire que le carême commence aujourd'hui. Il coïncide comme chaque année avec la saison des budgets d'Ottawa et des provinces.

Et celle-ci sera un vrai carême pour les perspectives de création d'emplois, tant le jeûne et la privation sont devenus les idées fixes des gouvernements, avant tout soucieux de préserver leur cote de crédit.

Pour l'exercice en cours, la somme des déficits d'Ottawa et des provinces sera de l'ordre de 45,8 milliards, selon la compilation des récentes mises à jour faite par les économistes de TD. C'est 6 milliards de plus que ce qui avait été annoncé durant la dernière saison des budgets.

Sept provinces en plus d'Ottawa ont raté leurs cibles de déficit, le Québec et l'Île-du-Prince-Édouard gardant le cap sur la leur tandis que l'Ontario a pu obtenir des résultats meilleurs que prévu, à cause de revenus exceptionnels non récurrents.

Le ralentissement économique y est pour beaucoup dans ces infortunes. C'est toutefois surtout l'inflation anémique qui fait mal en limitant l'augmentation de la taille de l'économie mesurée en dollars courants. Cela signifie que l'assiette fiscale a grossi moins vite que prévu.

Cela touche surtout les provinces de l'Ouest dont les revenus dépendent beaucoup des redevances pétrolières. Pour l'Alberta seulement, cela représente 6 milliards en moins de rentrées fiscales. Si le prix du pétrole lourd West Canada Select ne se redresse pas bientôt, alors la province des cheiks aux yeux bleus aura bien du mal à retrouver l'équilibre budgétaire en 2013-2014, tout comme la Colombie-Britannique d'ailleurs.

La Nouvelle-Écosse qui partage le même objectif a déjà indiqué que le déficit zéro sera sans doute reporté d'un an. Seul le Québec, qui a déjà présenté son budget en novembre, paraît déterminé à renouer avec l'équilibre en 2013-2014.

Impacts sur les emplois

La détermination à redresser les finances publiques va à coup sûr ralentir la création d'emplois dans le secteur public et parapublic, en particulier au Québec et en Ontario, selon une projection faite par la Banque Nationale.

En analysant la création d'emplois au Canada de décembre 2011 à décembre 2012, l'économiste Matthieu Arseneau a observé que, sur un total de 310 000, 169 000 sont reliés à la santé, aux services sociaux et à l'éducation, les services sociaux pouvant inclure de l'activité privée, mais subventionnée comme les garderies.

De ce nombre on en compte environ 60 000 seulement au Québec, alors qu'il s'est créé en moyenne 45 000 emplois dans toutes les industries en moyenne depuis 10 ans. Québec a en outre décrété un gel de l'embauche dans sa fonction publique.

En Ontario, qui vise un retour à l'équilibre en 2017-2018, l'effectif en éducation s'est gonflé de 44 000 personnes cette année. C'est précisément là que Queen's Park entend sabrer en 2013-2014.

Il est possible que quelques provinces imitent Québec et haussent certaines taxes comme il l'a fait avec le tabac et les boissons alcooliques pour atteindre leur cible budgétaire. Cela n'empêchera pas l'austérité budgétaire, entrave à la création d'emplois, alors que le secteur privé a encore beaucoup de capacités excédentaires.

---------------

ÉCHÉANCIER DE RETOUR À L'ÉQUILIBRE BUDGÉTAIRE

> Déjà en surplus: Saskatchewan

> 2013-2014: Colombie-Britannique, Alberta, Nouvelle-Écosse, Québec

> 2014-2015: Manitoba, Île-du-Prince-Édouard, Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve-et-Labrador

> 2016-2017: Canada

> 2017-2018: Ontario