Le Québec possède le régime public d'assurance médicaments le plus généreux et le plus rapide de toutes les provinces canadiennes, révèle une étude du Canadian Health Policy Institute. Les chiffres confirment aussi que les régimes privés, bien que souvent beaucoup plus chers, donnent accès à encore plus de médicaments et encore plus rapidement que les régimes publics.

L'étude du Canadian Health Policy Institute (CHPI) montre que les assurés du régime d'assurance médicaments de la Régie de l'assurance maladie du Québec ont pu se faire rembourser 38,9% de tous les nouveaux médicaments approuvés par Santé Canada entre 2004 et 2011. Il s'agit, et de loin, du pourcentage le plus élevé de tous les régimes publics canadiens. L'Ontario est en deuxième place avec 24,4%, et la moyenne canadienne se situe à 20,5%.

Le régime public québécois est aussi le plus rapide pour inscrire de nouveaux médicaments sur sa liste de produits remboursables. Entre 2004 et 2011, il lui a fallu en moyenne 430 jours pour approuver l'inscription d'un nouveau médicament, comparativement à 659 pour la moyenne des régimes publics canadiens.

Si on peut discuter longuement de la pertinence d'inscrire tel ou tel produit sur la liste des médicaments remboursés aux patients, les délais plus courts au Québec représentent clairement une bonne nouvelle aux yeux de Mélanie Bourassa Forcier, professeure de droit pharmaceutique à l'Université de Sherbrooke.

«Le système d'évaluation actuel des médicaments pourrait encore être optimisé, mais il est certain qu'avec la création de l'INESSS [l'Institut national d'excellence en santé et en services sociaux], nous avons atteint une efficacité intéressante», dit l'experte.

Le Canadian Health Policy Institute, qui se décrit comme un «groupe de réflexion indépendant», montre aussi que les régimes privés remboursent une plus grande proportion des nouveaux médicaments mis sur le marché aux patients, et qu'ils les inscrivent sur leurs listes plus rapidement.

Ainsi, entre 2004 et 2011, 81% des nouveaux médicaments ont été remboursés par au moins un régime privé, comparativement à 47% par au moins un régime public. Il faut aussi en moyenne 127 jours à un régime privé pour accepter de rembourser un nouveau produit qui vient d'être mis en marché, comparativement à 467 au public pour les mêmes médicaments.

«Les gens assurés avec des régimes privés ont un meilleur accès aux nouveaux médicaments», concluent les auteurs de l'étude.

Mélanie Bourassa Forcier rappelle cependant qu'une donnée importante ne figure pas dans l'analyse: le coût des différents régimes.

«Évidemment, si on paie plus cher, on peut avoir une couverture plus large, dit-elle. Il importe d'évaluer les deux variables, soit la couverture et le coût, afin d'obtenir un portrait d'ensemble.»

Selon elle, il est normal qu'une administration publique prenne le temps d'évaluer les avantages que procure un nouveau médicament aux patients en fonction de ce que coûtera son remboursement pour la société.

«Il faut comprendre que les assureurs privés, eux, ont rarement à perdre, dit-elle. Lorsqu'ils remboursent des médicaments, ils ajustent les primes en conséquence afin de couvrir leurs coûts. Il y a donc peut-être un manque d'intérêt de certains assureurs à surveiller les coûts du régime. Malheureusement, les employeurs et les assurés, qui paient la note, ne disposent pas toujours de l'ensemble des informations qui leur permettent de choisir de façon éclairée la couverture la plus appropriée.»

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Le régime d'assurance médicaments de la RAMQ

Le régime d'assurance médicaments public de la RAMQ est offert aux Québécois qui ne bénéficient pas d'une assurance privée. Environ 3,4 millions de Québécois en bénéficient, pour un coût net à la société de 3,28 milliards de dollars, soit 965$ par assuré, selon les données fournies par la RAMQ .

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