La Réserve fédérale (Fed) ne devrait pas lier l'évolution de son taux directeur à celle du chômage, a indiqué vendredi Jeffrey Lacker pour justifier son opposition aux décisions prises mercredi par ses pairs du Comité de politique monétaire de la banque centrale américaine.

«La politique monétaire n'a qu'un pouvoir de réduction du chômage limité, dont les effets ne sont généralement que passagers voire éphémères», affirme M. Lacker dans un communiqué.

«De plus, un seul indicateur ne peut pas fournir un tableau complet de la situation du marché de l'emploi», ajoute-t-il.

«Pour ces raisons, je pense que lier le taux (directeur de la Fed) à un seuil chiffré précis de chômage ne correspond pas à l'attitude équilibrée qu'il conviendrait d'adopter eu égard à la mission du Comité, qui est d'assurer la stabilité des prix et le plein emploi», ajoute le texte.

«Je préférerais que l'on décrive en termes qualitatifs la conjoncture économique qui serait susceptible de nous amener à modifier le cours de la politique monétaire», écrit M. Lacker.

La Fed a annoncé mercredi qu'elle maintiendrait son taux directeur dans la fourchette de fluctuation de 0 à 0,25% qui lui est assignée depuis quatre ans tant que le taux de chômage officiel resterait au-dessus de 6,5%, que les perspectives d'inflation à moyen terme ne dévieraient pas de plus d'un demi-point au-dessus de son objectif (2,0%) et que les attentes d'inflation à plus long terme resteraient «bien arrimées».

Elle a également décidé d'intensifier sa création monétaire à partir de janvier, où elle rachètera chaque mois sur les marchés pour 85 milliards d'obligations d'Etats américaines et de titres adossés à des créances hypothécaires afin de peser au maximum sur les taux d'intérêt, du plus court au plus long terme, dans le but de stimuler la reprise économique.

M. Lacker a rappelé qu'il était opposé à ces rachats, dont il craint entre autres choses qu'ils n'entraînent une poussée d'inflation à terme.