Un plongeon de Washington dans le précipice fiscal affecterait en particulier les sociétés énergétiques et minières canadiennes car un ralentissement de l'économie américaine ferait baisser les prix des métaux de base et du pétrole, ont estimé mercredi des analystes.

Les secteurs cycliques seraient les plus touchés si jamais les législateurs américains ne parvenaient pas à s'entendre afin d'éviter les hausses des impôts et les réductions des dépenses qui doivent entrer en vigueur automatiquement l'an prochain au sud de la frontière, a fait valoir Paul Taylor, chef des placements d'actions de base chez BMO Gestion d'actifs.

«Nous sommes très dépendants de l'énergie et des matériaux qui représentent, bien sûr, près de 50 pour cent du marché des actions en valeur boursière», a-t-il déclaré.

«Et avec des États-Unis au ralenti (...) on devrait s'attendre à ce que les prix des métaux de base et du pétrole dont nous dépendons tant soient affectés de façon négative, et ils (les secteurs cycliques) en pâtiraient certainement un peu», a-t-il ajouté.

Cette évaluation des risques par la Banque de Montréal survient alors qu'un sondage de la Sun Life laisse entendre que 63 pour cent des Canadiens craignent que l'économie du pays souffre si aucune entente n'est conclue.

M. Taylor a fait remarquer que l'économie canadienne se contentait actuellement d'avancer sur la pointe des pieds et qu'une récession aux États-Unis suffirait à faire trébucher le Canada.

L'économie du pays a enregistré au troisième trimestre une croissance annualisée de 0,6 pour cent, largement inférieure à celle à laquelle s'attendaient plusieurs, incluant la Banque du Canada.

Statistique Canada a par ailleurs revu à la baisse le résultat du deuxième trimestre en ce qui a trait à la croissance, passé à 1,7 pour cent, en recul d'un cran.

«Ce pourrait être la goutte qui fera déborder le vase et enverra l'économie canadienne en récession», a affirmé M. Taylor en parlant du précipice fiscal.

«Pour cette raison, c'est important en ce qui a trait à l'économie canadienne», a-t-il ajouté.

Néanmoins, Jack Ablin, chef des placements de BMO Banque privée Harris, a indiqué que l'absence d'une entente à la fin de l'année ne se traduirait pas nécessairement par une chute dans le précipice fiscal.

«Il est possible que nous puissions continuer de négocier une fois passé le 31 décembre, et l'économie n'est pas nécessairement destinée à tomber en récession», a-t-il affirmé.

Le sondage de la Sun Life a été mené auprès d'un échantillon de 1277 Canadiens. Un échantillon de cette taille présente marge d'erreur de plus ou moins 2,7 points de pourcentage, 19 fois sur 20.