Malgré sa volonté affichée depuis des mois de hausser son taux directeur, la Banque du Canada le reconduira à nouveau mardi. Il se situe à 1% depuis septembre 2010.

La faible expansion réelle 0,6% en rythme annuel de l'économie au troisième trimestre ne justifie tout simplement pas un resserrement monétaire prochain, même si le taux directeur est négatif, si on lui soustrait le taux d'inflation.

Celle-ci est d'ailleurs très faible. À 1,2% en octobre, elle se situe dans le bas de la fourchette de 1% à 3% à l'intérieur de laquelle la Banque veut voir progresser annuellement l'Indice des prix à la consommation.

En temps normal, ramener le taux d'inflation à 2% et la croissance près de son potentiel de 2% par année justifierait plutôt une baisse de taux afin de stimuler l'économie.

C'est ce qu'ont d'ailleurs fait les autres banques centrales occidentales, à commencer par la Réserve fédérale américaine qui active la planche à billets après avoir abaissé à zéro son taux directeur en décembre 2008 et s'être engagée à l'y garder jusqu'en 2015.

On peut raisonnablement parier cependant que nos autorités bancaires garderont intact l'engagement pris en octobre: «Au fil du temps, une réduction modeste de la détente monétaire sera probablement nécessaire, de façon à atteindre la cible d'inflation de 2%. Le moment et le degré de toute réduction seront évalués avec soin, en fonction de l'évolution économique à l'échelle internationale et nationale, y compris l'évolution des déséquilibres dans le secteur des ménages.»

Initialement mal interprétée, cette phrase signifie qu'un resserrement est désormais «moins imminent» qu'on le projetait au printemps, a expliqué en conférence de presse le gouverneur Mark Carney.

La Banque a toutes les raisons de camper sur le statu quo. Tant et aussi longtemps que le Congrès américain et l'administration de Barack Obama n'auront pas forgé un compromis crédible pour aplanir le mur budgétaire qui guette l'économie américaine dès le premier janvier, il vaut mieux ménager ses munitions.

Lors de sa dernière sortie publique, à Montréal le 8novembre, M. Carney avait affirmé que la Banque disposait d'atouts d'intervention, si la situation américaine (qui frapperait le Canada) le justifiait.

Parmi ces atouts, le plus précieux reste la possibilité d'abaisser le taux directeur. Ce faisant, les institutions financières devraient à leur tour diminuer leur taux préférentiel ce qui est de nature à stimuler la croissance.

En 2009, la Banque avait ramené son taux à 0,25%. L'économie canadienne avait été la première à renouer avec l'expansion.