La justice suisse enquête sur de possibles paiements douteux de 139 millions de la part de SNC-Lavalin - une somme deux fois plus importante que celle qui a initialement été mise au jour par une enquête interne de l'entreprise.

Selon les informations de Radio-Canada, cette somme pourrait avoir transité par un complexe réseau de comptes bancaires suisses et de sociétés-écrans dans les îles Vierges britanniques, un paradis fiscal.

Les autorités helvétiques tentent encore de faire la lumière sur les personnes qui ont profité des paiements douteux de la part de SNC-Lavalin. Au moins une partie de la cagnotte aurait abouti dans les poches de membres du régime libyen de Mouammar Kadhafi et de proches. Toujours selon Radio-Canada, la police soupçonne l'entreprise d'avoir utilisé cette méthode pour faire débloquer un paiement lié à un gigantesque projet de construction d'un fleuve artificiel en plein désert.

Une vérification interne des livres de l'entreprise, menée au début de l'année, a révélé l'existence de 56 millions de dollars en transactions douteuses. Le grand patron de l'entreprise, Pierre Duhaime, a perdu son emploi dans la foulée de cette controverse.

Accusations criminelles

Les autorités suisses détiennent depuis avril dernier un ancien vice-président de SNC-Lavalin, Riadh Ben Aïssa. Il devra répondre d'accusations d'escroquerie, de corruption et de blanchiment d'argent.

Dimanche, un réseau de télévision suisse a révélé qu'en plus de M. Ben Aïssa, la police a récemment mis la main au collet d'un avocat de Genève, Roland Kaufmann. C'est lui qui aurait planifié le système de transfert de fonds utilisé par SNC-Lavalin. Il est maintenant accusé de corruption et de blanchiment d'argent.

L'entreprise montréalaise a juré de collaborer à toutes les enquêtes qui se penchent sur ses activités. «Nous avons fourni et continuons de fournir aux autorités compétentes des informations lorsque requis», a affirmé la porte-parole de SNC-Lavalin, Leslie Quinton, à Radio-Canada.