On leur a répété à satiété qu'ils étaient trop endettés. Les ménages ont compris et choisi de ralentir le rythme de leur consommation. Les détaillants peuvent en témoigner.

La valeur de leurs ventes a à peine augmenté de 0,1% en septembre. Exprimées en volumes, elles ont stagné, après s'être repliées de 0,3% en août, a indiqué hier Statistique Canada. Sur une base annuelle, le chiffre d'affaires des détaillants canadiens progresse d'à peine 1,8%.

Il s'agit de données très décevantes qui s'ajoutent au recul surprenant de 1,3% des ventes des grossistes au cours du mois.

Au Québec, les commerçants subissaient aussi encore les effets de l'augmentation d'un point de pourcentage de la TVQ. Leurs ventes ont reculé de 0,7%. Elles accusent un retard de 1,8% sur une année.

C'est de mauvais augure pour la croissance, surtout après le repli de 0,1% du produit intérieur brut, en août, selon les données de l'Institut de la statistique du Québec publiées hier. Le repli est cependant le résultat de la chute de la production manufacturière.

Les ventes des stations-service ont étonnamment reculé de 0,6% alors que ce n'est qu'en octobre que les prix à la pompe ont commencé à reculer.

Cela est peut-être l'indication que les ménages ont réduit leurs voyages de plaisance.

Les détaillants canadiens, et en particulier ceux de l'Ontario et de la Colombie-Britannique, encaissent en outre les contrecoups de l'augmentation récente à 800$ de l'exemption des achats à l'étranger pour tout séjour d'au moins 48 heures dans un contexte de parité des deux dollars.

«Les courts séjours aux États-Unis ont augmenté de 3,1% en septembre par rapport à août, fait remarquer Emanuella Enenajor, économiste à la CIBC. Cela suggère que les Canadiens s'y sont rendus pour faire des emplettes.»

On peut même parier qu'il y aura foule aujourd'hui à quelques postes frontières, si les Canadiens se laissent séduire par le chant des sirènes des marchands américains, composé spécialement pour le fameux Black Friday qui marque le coup d'envoi du grand magasinage du temps des Fêtes. Si tel est le cas, les détaillants canadiens ne sont pas au bout de leurs déceptions.

Les marchands d'appareils électroniques ont néanmoins eu une bouffée d'air frais en septembre. Sans doute est-ce le lancement du téléphone iPhone 5 qui aura permis le joli bond de 0,8% de leurs ventes au cours du mois. Elles restent néanmoins à 5% en deçà de leur valeur de septembre 2011.

Les magasins de vêtements et de chaussures ont aussi eu droit à une fréquentation accrue des consommateurs.

En revanche, les magasins spécialisés dans la bière, les vins et les spiritueux ont sans doute souffert du lock-out de la Ligue nationale de hockey. On saura la semaine prochaine, avec les chiffres de la production par industrie, si la restauration et l'hébergement ont aussi pâti de ce conflit de travail.

Malgré les mauvais chiffres de septembre et d'août qui présagent d'une expansion bien faible de l'économie durant le mois, les volumes des ventes des détaillants ont crû de 2,4% au troisième trimestre, en rythme annuel après deux reculs trimestriels d'affilée.

Cela pourra peut-être compenser les reculs significatifs des exportations nettes. Reste qu'il est hautement probable que l'économie ait progressé au rythme d'un escargot au cours du trimestre.

Mince consolation, c'est mieux qu'un repli, comme celui observé dans la zone euro.