Radio-Canada compte venir à bout de ses «défis financiers impressionnants», mais le diffuseur public aimerait bien obtenir «un peu de souplesse» du CRTC, à qui il demande une réglementation plus souple et la permission de vendre de la publicité à la radio.

D'ici 2014-2015, Radio-Canada verra son financement public être réduit de 115 millions de dollars par année en raison des réductions du dernier budget Flaherty. «Les défis financiers auxquels nous faisons face sont impressionnants. Mais nous allons les relever. [...] Nous pouvons prendre des engagements très sérieux sur des objectifs-clés, mais nous avons besoin de souplesse», a dit Hubert Lacroix, PDG de Radio-Canada, dans son discours d'ouverture aux audiences publiques sur le renouvellement des licences de Radio-Canada.

Il s'agit du premier renouvellement des licences du diffuseur public en 12 ans. Au cours de la dernière décennie, Radio-Canada dit avoir pris à fond le virage numérique, notamment avec son site Tou.tv. La société d'État fédérale demande aujourd'hui des conditions de licences plus souples afin de refléter sa nouvelle réalité multiplateforme. «Nous avons l'obligation de servir les Canadiens de la façon qu'ils choisissent de consommer tant l'audio que la vidéo, a indiqué M. Lacroix. Les auditoires s'attendent à ce que vous soyez partout, pour tous et pas tous les moyens.»

Au nombre des autres demandes de Radio-Canada: la permission de vendre de la publicité à la radio sur Espace Musique et Radio 2 (revenus de 15 millions la première année et 35 millions la septième année), maintenir la distribution obligatoire de RDI sur le câble dans le Canada anglais et établir un système de redevances sur les revenus du câble au même titre que les télés généralistes privées.

Une clause Drainville-Duchesne-St-Pierre?

Au cours de cette première journée d'audience, le président du CRTC, Jean-Pierre Blais, a demandé si Radio-Canada avait les règles balisant le passage de ses journalistes vers d'autres emplois. Deux ministres du gouvernement Marois, Bernard Drainville (en 2008) et Pierre Duchesne (en 2012), ont fait le saut en politique au plus quelques mois après leur départ de Radio-Canada. Christine St-Pierre est aussi passée directement du journalisme à la politique, comme ministre du gouvernement Charest en 2007.

«Nous ne voyons pas comment concrètement nous pourrions empêcher les journalistes de quitter Radio-Canada pour faire de la politique et, honnêtement, nous ne croyons pas que nous devrions décourager les gens du service public, a répondu le PDG, Hubert Lacroix. Nous avons en place des mécanismes efficaces pour faire en sorte que ce qui paraît sur nos ondes est équilibré et solide sur le plan journalistique.»

Les audiences sur le renouvellement des licences de Radio-Canada se dérouleront au cours des deux prochaines semaines à Gatineau.