Ça fait plus de cinq ans qu'on a vu une entreprise techno québécoise faire son entrée à la Bourse de Toronto, mais le rêve n'est pas complètement évanoui dans la province.

Accedian Networks, une société montréalaise qui affiche une croissance parmi les plus rapides au pays, songe à une double inscription sur le NASDAQ et le TSX d'ici deux ans.

«Au départ, on avait l'intention d'y aller seulement au Canada, mais on a décidé d'attendre un peu et de faire une double inscription au Canada et aux États-Unis. On parle d'un horizon de 20 à 24 mois», a confié à La Presse Affaires le fondateur et président d'Accedian Networks, Patrick Ostiguy.

«Tout peut arriver en 24 mois, concède cependant M. Ostiguy. C'est un plan que nous avons, mais nous ne sommes pas engagés dans une trajectoire inéluctable.»

Accedian Networks fabrique des produits capables de mesurer et d'améliorer la performance des réseaux mobiles. L'entreprise a raflé l'an dernier le titre de l'entreprise technologique à la plus forte croissance au Canada et a décroché le sixième rang du même palmarès cette année. En cinq ans, ses revenus ont bondi de 2743%, selon la firme Deloitte.

Il faut remonter à octobre 2007 pour retrouver un premier appel public à l'épargne sur le TSX d'une entreprise technologique québécoise, soit Mecachrome International. Cette année-là, Datacom Wireless s'était aussi inscrite à la Bourse croissance de Toronto.

Ironiquement, si Accedian Networks rêve aujourd'hui de la Bourse, c'est justement en partie parce que tout le monde la boude.

«Il n'y a pas beaucoup de premiers appels publics à l'épargne en technologie en ce moment et ça créé un certain appétit auprès des investisseurs, explique Patrick Ostiguy. Quand l'histoire est bonne, quand la croissance est là, que la profitabilité est au rendez-vous et que le marché visé est important, mondial et en expansion, on sent un intérêt.»

Quant à la double inscription, le grand patron l'explique par le volume de transactions plus élevé aux États-Unis. «Le problème qu'on observe sur le marché canadien, c'est que si ton action plonge, ça peut être difficile de te relever. Il n'y a pas assez de volume pour remonter et tu peux te retrouver pris au fond du baril pendant des années», dit-il.

Du sous-sol à la planète

Fondée par quatre comparses dans le sous-sol de M. Ostiguy, Accedian Networks est née en 2004 d'une prédiction: les réseaux de téléphonie mobile se retrouveront surchargés lorsqu'ils devront véhiculer les vidéos, courriels et autres applications de plus en plus lourdes échangées par les usagers.

Deux ans plus tard, l'entreprise a accouché d'un produit capable de mesurer et d'améliorer la performance de ces réseaux. Au même moment, les téléphones intelligents se sont démocratisés et ont fait exploser la demande, exactement comme l'avaient prévu les fondateurs d'Accedian Networks. Les affaires ont décollé à pleins gaz.

Avec 210 employés, l'entreprise compte aujourd'hui des bureaux au Canada, aux États-Unis, en Suède, à Londres, au Mexique et à Singapour. Le groupe enregistre des ventes dans une cinquantaine de pays et a notamment signé des partenariats avec des géants comme Ericsson, Fujitsu et Nokia Siemens. Le chiffre d'affaires est confidentiel, mais Patrick Ostiguy assure qu'après des années d'investissements en recherche, l'entreprise est maintenant rentable.

L'entrée en Bourse pourrait représenter une belle porte de sortie pour les investisseurs qui ont soutenu le démarrage et la croissance d'Accedian Networks. Il s'agit du fonds Rho Canada, une filiale du géant américain Rho Capital Partners qui a pignon sur rue à Montréal, de Summit Partners, un fonds international qui a des bureaux aux États-Unis, à Londres et en Inde, et de Skypoint, un fonds ontarien.