Les dommages causés par l'ouragan Sandy soulèvent des questions concernant l'importance des téléphones publics dans les situations d'urgence au moment même où deux des plus grandes entreprises de télécommunications canadiennes demandent la permission de hausser les tarifs de leurs appareils publics sous peine d'en réduire le nombre.

Les New-Yorkais ont été forcés de se tourner vers les téléphones publics de leur quartier la semaine dernière après que des inondations eurent provoqué des pannes de courant et altéré la réception des téléphones mobiles dans les régions ravagées par Sandy, la puissante tempête qui a balayé la côte est des États-Unis.

Mais une requête déposée plus tôt cette année par Bell Canada [[|ticker sym='T.BCE'|]] et Bell Alliant [[|ticker sym='T.BA'|]] auprès du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes pourrait entraîner une diminution du nombre d'appareils publics au Canada et donc les rendre plus difficiles à trouver en cas d'urgence.

Les deux entreprises veulent pouvoir doubler leurs tarifs, ce qui ferait passer le prix d'un appel local de 50 cents à 1$. Elles soutiennent que, sans cette augmentation, elles seront obligées de se débarrasser de leurs téléphones publics les moins rentables. Cela pourrait mener à la disparition de jusqu'à 25 pour cent des appareils au Québec et en Ontario.

«Bell a besoin de la flexibilité nécessaire pour hausser le prix actuel de 50 cents jusqu'à 1 $ afin de permettre aux téléphones publics d'être rentables à long terme», a écrit le porte-parole de Bell, Mark Langton, dans un courriel.

Le public peut soumettre ses commentaires sur la demande de Bell Canada et Bell Alliant jusqu'au 14 décembre et les deux entreprises devront fournir des réponses avant la mi-janvier.

Cela fait des années que les téléphones publics agonisent. Les centres commerciaux ont retiré la majorité de leurs appareils pour les remplacer par des bancs et, dans les bars, les téléphones publics sont davantage utilisés comme supports pour des autocollants publicitaires ou des graffitis que comme moyens de communication.

Même si ces appareils sont considérés comme archaïques par bien des Canadiens qui les ont remplacés par des téléphones mobiles depuis belle lurette, Sandy a rappelé que les téléphones publics avaient encore leur utilité dans les situations d'urgence.

Selon Kim McKinnon, responsable des relations avec les médias pour les Services médicaux d'urgence de Toronto, en dépit de la chute du nombre d'appels effectués avec les téléphones publics, de nombreuses personnes y ont encore recours en cas d'urgence.

À New York, de longues files d'attente se sont formées devant les appareils publics alors que les résidants téléphonaient à leurs proches pour leur dire qu'ils avaient survécu à l'ouragan. Un scénario similaire s'était produit après les attentats du 11 septembre 2001, lorsque les réseaux de téléphonie mobile avaient flanché en raison du trop grand nombre d'appels.

Quand une grosse tempête s'abat sur une ville et que l'électricité est coupée, l'utilité d'un téléphone mobile se mesure en fonction de la durée de sa batterie et de la qualité de sa réception.

Plusieurs groupes communautaires ont aussi manifesté de l'inquiétude quant à l'impact qu'aurait la disparition partielle ou totale des téléphones publics sur la population, plus particulièrement sur les personnes à faible revenu pour qui ces appareils constituent un moyen de communication important.