Le produit intérieur brut réel a connu une légère baisse de 0,1% en août, soit un premier repli mensuel depuis février 2012, a révélé mercredi Statistique Canada.

La récession européenne, le ralentissement des économies émergentes de même que l'endettement des ménages canadiens et la correction en cours sur le marché de l'habitation mettent à mal la croissance.

En août, l'économie canadienne s'est contractée de 0,1%, a indiqué hier Statistique Canada. Il s'agit du premier repli mensuel depuis février.

En fait, les résultats sont pires encore que la statistique officielle qui arrondit à la première décimale. Le gain de juillet n'était pas un franc 0,2%, mais plutôt de 0,156%. De même, le recul d'août est en fait de -0,14%. Bref, l'économie a stagné durant l'été.

Sur une base annuelle, le rythme d'expansion n'était plus que de 1,2%, le plus faible depuis janvier 2010.

Surprise

La nouvelle a pris de court la plupart des prévisionnistes qui avaient parié sur une avancée de 0,2% du produit intérieur brut (PIB) réel, comme en juillet. En revanche, elle est conforme au scénario de la Banque du Canada qui table sur une croissance d'à peine 1% durant l'été, soit environ la moitié du rythme d'expansion observé durant l'hiver et le printemps.

Le repli d'août est attribuable à la faiblesse de plusieurs industries. «Seuls 8 des 19 secteurs affichent une hausse en août, ce qui est la plus mauvaise répartition depuis la dernière récession», souligne Matthieu Arseneau, économiste à la Banque Nationale.

La production de biens régresse de 0,5% tandis que celle des services a fait du surplace pour la première fois depuis février 2011.

Par segment, la surprise la plus grande est venue de la fabrication qui recule de 0,6% même si une autre enquête de l'agence fédérale avait révélé que les volumes des ventes des manufacturiers avaient bondi de 1,8% au cours du mois. «Visiblement, l'impact de la diminution des stocks a été plus élevé qu'on pouvait le croire», note Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins.

Des replis ont aussi été observés dans les services publics (électricité et pipelines), l'extraction minière, pétrolière et gazière de même que dans la construction.

Du côté des services, on observe aussi un léger repli dans l'importante catégorie des intermédiaires financiers, de l'assurance et les services immobiliers. Manifestement, le resserrement des conditions d'octroi de prêts hypothécaires en vigueur depuis le 9 juillet commence à mordre dans le marché de l'habitation, tant dans la maison neuve que dans le secteur de la revente. Cette situation est appelée à continuer au cours des prochains trimestres.

«Si la construction d'habitations revient au niveau de la formation des ménages à terme, alors elle passera d'un rythme annuel actuel de 220 000 logements à 180 000 d'ici 2014, estime Avery Shenfeld, économiste en chef chez CIBC. La contribution de la construction retranchera un point de pourcentage à la croissance.»

L'endettement des ménages se fait aussi sentir, comme en fait foi le nouveau repli de 0,5% des ventes des détaillants qui efface complètement le gain de juillet.

Le repli de l'exploitation minière et d'hydrocarbures est en partie dû à des arrêts aux fins de maintenance, mais les reculs sont enregistrés aussi dans l'extraction des métaux de base, de l'argent et de l'or de même que dans des minerais non métalliques comme la potasse.

«L'économie se démène pour extraire la moindre source de croissance», résume Douglas Porter, économiste en chef désigné chez BMO Marchés des capitaux.

Le retour en exploitation annoncé de mines et de champs d'hydrocarbures aura pu faire rebondir quelque peu la croissance en septembre, mais les perspectives restent nébuleuses pour le quatrième trimestre, à la lumière de la conjoncture internationale.

Le nouveau repli de 2,5% des exportations québécoises en août est à cet égard un douloureux rappel à la réalité. Le déficit commercial a atteint 2,44 milliards, un creux historique.

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DES SIGNAUX INQUIÉTANTS

-0,1%

Contraction de l'économie canadienne au mois d'août, soit le premier repli mensuel depuis février.

-0,6%

Baisse de l'activité dans le secteur de la fabrication, un repli dont l'ampleur a pris de court les économistes.

-0,5%

Baisse des ventes au détail durant le mois d'août, signe que l'endettement des ménages affecte de plus en plus les commerçants.