Après avoir servi de cibles dans le jeu vidéo mobile le plus téléchargé au monde, les cochons verts prennent maintenant leur revanche sur les célèbres oiseaux d'Angry Birds. Dans Bad Piggies, la suite tant attendue d'Angry Birds lancée hier, les cochons verts tentent de voler les oeufs des oiseaux.

Plusieurs studios québécois voudront tirer des leçons de la dernière idée du studio finlandais Rovio, sans surprise déjà en tête de l'App Store. Soit, leurs jeux ne sont pas un phénomène planétaire unique comme les cinq opus de la série Angry Birds, téléchargée plus de 500 millions de fois et comptant toujours 120 millions d'utilisateurs actifs chaque mois. Mais les studios Gamerizon et Ludia doivent aussi gérer actuellement l'expansion de franchises qui ont fait leur succès.

Le succès de Gamerizon

La dizaine de jeux Chop Chop, conçus par Gamerizon dans son studio du Plateau Mont-Royal, ont été téléchargés à 18 millions de reprises depuis deux ans sur l'App Store.

Comme Rovio l'a fait hier, Gamerizon lancera au cours des prochaines semaines la suite du jeu qui a fait son succès, Chop Chop Ninja. «Nous travaillons depuis un an sur Chop Chop Ninja World, notre jeu le plus ambitieux, dit Alex Sazik, président de la PME montréalaise Gamerizon. Pour une suite, c'est important de ne pas dénaturer la marque, dont il faut garder les points forts. Pour Chop Chop Ninja, nous avons gardé la signature visuelle, l'animation 2D, l'action, les personnages et le fait que le joueur puisse tout faire avec un seul doigt. Et en même temps, il faut s'adapter aux nouvelles modes et technologies.»

Le studio montréalais Ludia, pour sa part, peaufine son troisième jeu mobile Où est Charlie, dont l'action aura lieu en France.

Le jeu original de Où est Charlie s'est vendu à plus de 4 millions d'exemplaires depuis son lancement en décembre 2009, tandis que la suite Où est Charlie à Hollywood s'est vendue à 2,5 millions d'exemplaires depuis décembre 2010. Le troisième opus, Où est Charlie en France, sera lancé à l'échelle mondiale avant Noël. «C'est une formule très différente. Pour la première fois, le jeu est gratuit (avec possibilité de microtransactions). Le jeu amène aussi une toute nouvelle expérience multijoueurs avec ses amis», dit Alexandre Thabet, PDG de Ludia, qui se spécialise dans les jeux vidéo mobiles de concepts établis et d'émissions de télé (American Idol, The Price is Right).

Se méfier du piège

Les studios qui ont des mines d'or entre les mains doivent se méfier d'eux-mêmes. «Il ne faut pas tomber dans le piège de l'attrait du gain à court terme, dit Alexandre Thabet. Il faut espacer la déclinaison de sa marque, sinon on détruit sa valeur à long terme. Rovio commençait un peu à surexploiter Angry Birds. Les derniers jeux ont moins marché sur l'App Store. Une fois que tu as joué à un jeu d'Angry Birds, tu les a un peu tous joués.»

En lançant Bad Piggies hier (prix initial: 4,99$), Rovio espère se développer une deuxième franchise à succès, surtout après l'échec relatif de son acquisition Amazing Alex.

L'entreprise finlandaise planifie d'atterrir en Bourse l'an prochain, et les investisseurs aiment toujours mieux les titres qui ne mettent pas tous les oeufs dans le même panier. Même si ce sont les oeufs des oiseaux d'Angry Birds.