Face à l'affaiblissement de la croissance mondiale, de celle des États-Unis en particulier, et aux prises de surcroît avec une monnaie surévaluée, les manufacturiers canadiens peinent à résister.

La valeur de leurs ventes a reculé de 1,5% en juillet alors qu'on s'attendait plutôt à un certain rebond après le repli de juin qu'une révision de Statistique Canada fait passer de -0,4% à -0,8%.

Elles sont en chute de 2% par rapport à décembre qui avait marqué le sommet du présent cycle.

Les perspectives à court terme ne sont guère encourageantes. Les nouvelles commandes ont diminué de 5,6% en juillet et sont en recul désormais de 1,1% par rapport à celles d'il y a un an. «Il s'agit de la chute mensuelle la plus importante depuis avril 2011», note Jimmy Jean, économiste principal chez Desjardins.

Lorsqu'on la mesure en volume, la détérioration des ventes des fabricants est plus grande encore avec un repli de 2,0%. L'agence fédérale ramène aussi de 0,1% à -0,15% la variation de juin.

Seule note positive, peut-être, la valeur des commandes en carnet, bien qu'en léger repli par rapport à juin, reste nettement en hausse par rapport à l'an dernier. Cela qui est garant de la poursuite du travail dans plusieurs usines durant encore un moment.

«La donnée de juillet confirme l'essoufflement observé depuis déjà quelques mois, soutient Audrey Azoulay, directrice des affaires publiques et relations gouvernementales chez les Manufacturiers et exportateurs du Québec. À surveiller donc de près. D'autant plus que le rapport des stocks aux ventes est remonté de manière affirmée au-dessus de sa moyenne des trois dernières années.»

La situation est plus grave encore au Québec, largement tributaire des aléas et de la volatilité de l'industrie aéronautique. Les ventes de pièces et de produits aéronautiques ont d'ailleurs chuté de 22,1% de juin à juillet. Elles sont néanmoins en hausse de 3,1% de juillet à juillet.

Tel n'est pas le cas des ventes de l'ensemble des fabricants québécois qui, avec le recul de 2,6% au cours du mois, accusent un retard de 2,0% sur une année. Seuls les fabricants de Nouvelle-Écosse ont des chiffres plus inquiétants.

L'ensemble du secteur manufacturier canadien accuse des faiblesses, à l'exception des fabricants d'aliments qui ont l'avantage d'écouler le gros de leur production sur le marché intérieur.

Le segment automobile accuse ainsi un recul de 3,2%, celui des produits chimiques de 0,5%, du papier de 2,4%, de la première transformation métallique de 1,1%, tout comme celle de minéraux non métalliques.

À moins qu'un revirement se soit produit en août et septembre, la production manufacturière sera un frein à la variation du produit intérieur brut au troisième trimestre.

«Le secteur manufacturier souffre de la faible conjoncture mondiale et d'un huard fort, en hausse de 1,4% par rapport au billet vert en juillet, puis de 2,2% en août, résume Marc Pinsonneault, économiste principal chez Desjardins. En volume, le ratio stocks/ventes n'a pas été aussi élevé depuis février. Les stocks excédentaires à écouler limitent les possibilités d'accroissement de la production pour les mois à venir.»