Valeant (T.VRX), la «petite nouvelle» de l'industrie pharmaceutique québécoise, a réalisé un grand coup lundi en avalant l'américaine Medicis pour 2,6 milliards US. Une transaction qui aura des impacts positifs au Québec, a promis hier la direction.

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Valeant est devenue la seule multinationale pharmaceutique québécoise quand elle a déménagé son siège social de l'Ontario à Laval au printemps dernier. Hier, son grand patron a assuré que les 225 millions US d'économies annuelles qu'il promet de générer avec l'acquisition de Medicis ne seront pas faites au Québec.

«Il n'y aura pas de synergies au Québec, a promis le président du conseil et chef de la direction de Valeant, Michael Pearson. Au contraire, on verra probablement des additions [de personnel]. Nous récoltons de Medicis environ 35 millions de dollars de ventes au Canada. Il est aussi possible que nous transférions la fabrication de certains médicaments dans nos installations de Laval. Il y aura donc des impacts positifs de cette transaction pour le Québec.»

Valeant possède actuellement 260 employés à Laval dans les installations de Laboratoire Dr Renaud et dans l'ancienne usine de Dermik. Un autre groupe de 80 employés travaille dans des bureaux de Saint-Laurent en attendant que le nouveau siège social de Laval soit prêt.

Valeant dit vouloir créer des emplois à la fois au siège social, à l'usine de production et dans le nouveau centre d'excellence en cosmétique pharmaceutique qu'elle a promis de créer à Laval. L'acquisition de Medicis pourrait bonifier le nombre d'emplois créés, mais M. Pearson n'a pas voulu se risquer hier à chiffrer cette augmentation.

Située à Scottsdale, en Arizona, Medicis est spécialisée dans les médicaments pour la peau. Valeant offre 44$ US pour chaque action de l'entreprise, une prime de 39% par rapport au prix de clôture de vendredi dernier. L'offre amicale a déjà reçu l'aval des conseils d'administration des deux entreprises.

Les investisseurs ont réagi en poussant le titre de Valeant de 14,8% hier à Toronto. L'action a gagné 7,47$ pour clôturer à 57,94$.

L'agence de notation Moody's a été nettement moins enthousiaste en menaçant d'abaisser la cote de crédit de Valeant. C'est que l'offre pour Medicis est faite en argent comptant dont la totalité provient de nouvelle dette.

«Malgré des justifications stratégiques solides, l'acquisition de Medicis pourrait pousser le niveau d'endettement de Valeant au-delà du seuil de tolérance de Moody's pour la cote Ba3», a écrit l'agence dans un communiqué publié hier.

L'inquiétude de Moody's vient aussi du fait que Valeant carbure littéralement aux acquisitions. L'achat de Medicis est la 15e du groupe cette année, et le patron Michael Pearson en a piloté plus de 50 depuis son entrée en poste, en 2008.

M. Pearson a déjà indiqué qu'il préfère acheter des compagnies possédant des médicaments qui ont déjà percé le marché plutôt que d'investir en recherche pour tenter d'en découvrir de nouveaux.

«Nous allons continuer de faire des acquisitions. Pour la prochaine année, elles seront toutefois plus petites parce que nous avons promis de réduire nos niveaux de dette», a dit M. Pearson en entrevue.

Une improbable histoire

Jusqu'à tout récemment, bien peu de gens auraient parié que Valeant serait un jour dirigée de Laval. Fondée en 1960 en Californie, l'entreprise a réalisé un gros coup en 2010 en fusionnant avec l'ontarienne Biovail, une entreprise longtemps dirigée par l'actuel propriétaire des Sénateurs d'Ottawa, Eugene Melnyk.

À la suite de la fusion, Valeant s'est installée au siège social de Biovail à Mississauga, en Ontario. En avril dernier, Valeant a annoncé à la surprise générale qu'elle déménageait son siège social à Laval. La direction avait justifié le changement par son importante présence dans la province et par l'aide gouvernementale québécoise.

En avalant Medicis, Valeant dit maintenant vouloir s'imposer comme un «leader en dermatologie». L'américaine possède un vaste portefeuille de produits contre l'acné et la kératose actinique (une affection de la peau), ainsi que des antiviraux et des produits apparentés au Botox.

Selon le grand patron, Michael Pearson, la dermatologie passera de 20 à 50% des affaires de Valeant à la suite de l'acquisition de Medicis.