Tout milite pour que la Banque du Canada reconduise demain son taux directeur. Elle n'apportera sans doute pas de changement majeur à sa volonté de réduire quelque peu le niveau considérable de détente monétaire en place, «dans la mesure où l'expansion économique se poursuit et l'offre excédentaire au sein de l'économie se résorbe graduellement», selon sa propre formulation.

La Banque avait prévu dans son scénario économique une expansion modeste de 1,8% au deuxième trimestre. Statistique Canada vient de confirmer qu'elle avait visé dans le mille.

L'endettement des ménages reste très élevé, même si on constate un net ralentissement de la consommation. Laisser planer la possibilité, même lointaine, d'une hausse du loyer de l'argent incite à la prudence du consommateur. En revanche, cela ralentit la croissance, que la Banque prévoit molle de toute façon.

Inflation

Côté inflation, la marche des prix a ralenti au cours des derniers mois avec une progression annuelle de 1,3% de l'indice des prix à la consommation en juillet, et de 1,7% de l'indice de référence de la Banque, qui reflète mieux la tendance de l'évolution des prix. Cette tendance devrait se rapprocher de la cible de 2% au cours des prochains mois.

Cela permet aux autorités monétaires de maintenir son taux directeur, en place depuis septembre 2010, à 1%.

Malgré l'annonce de demain, la Banque ne réévaluera son scénario économique qu'en octobre.

D'ici là, d'importantes décisions seront prises à l'étranger.

Dès jeudi, le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, doit annoncer les modalités de son plan d'intervention sur le marché obligataire afin d'exercer des pressions à la baisse sur les coûts d'emprunts de certains pays de la zone euro, l'Espagne et l'Italie en particulier.

La semaine prochaine, ce sera au tour de la Réserve fédérale américaine de faire une annonce très attendue par les investisseurs. L'équipe de Ben S. Bernanke doit mettre à jour ses prévisions économiques. Les 16 personnes autour de la table devront aussi établir quand la Fed devrait donner un premier tour de vis. Son taux directeur flotte dans une fourchette de 0 à 0,25% depuis décembre 2008.

Au printemps, le résultat de cette consultation avait donné le maintien du taux directeur jusque vers la fin de 2014. Les chiffres de l'emploi publiés vendredi seront scrutés avec soin. Il suffit qu'un ou deux membres retardent leur prévision pour que la première hausse bascule au début de 2015.

C'est une forme d'allégement monétaire qui ne coûte pas cher, mais qui entrave sérieusement la Banque du Canada, qui doit aussi éviter de stimuler notre monnaie pour ne pas plomber davantage nos exportations.

Lors de sa prochaine réunion, le 23 octobre, la Banque aura aussi eu le temps de digérer l'évolution économique et politique en Europe.

Elle aura alors tout le loisir d'adopter un ton plus neutre, si nécessaire.