On ne reste pas au chômage longtemps à Montréal dans l'industrie du jeu vidéo. Déjà, la moitié de la soixantaine de travailleurs licenciés il y a quelques jours à Montréal par l'entreprise norvégienne Funcom s'est replacée dans l'un ou l'autre des studios de jeu concurrents qui pullulent dans la métropole.

«D'ici vendredi, on croit qu'on va avoir placé tout le monde», dit Miguel Caron, chef de la direction de Funcom Canada.

Les concurrents nourris!

Il faut dire que Funcom a accouché d'une initiative peu commune pour maximiser les chances de réembauche de ses ex-employés. Hier, l'entreprise a carrément invité ses concurrents à venir chez elle pour rencontrer les travailleurs licenciés.

«On a des recruteurs d'une douzaine de concurrents, ici, dans nos salles. On leur fournit même la nourriture!», dit M. Caron, qui évolue dans un secteur reconnu pour ses pénuries chroniques de main-d'oeuvre.

Malheureusement, les temps ne sont pas à l'embauche chez Funcom. The Secret World, jeu largement conçu à Montréal et dans lequel l'entreprise a investi 45 millions, enregistre des ventes de moitié inférieures aux attentes depuis son lancement, il y a un mois et demi.

»Procédure normale»

L'entreprise cotée à la Bourse d'Oslo a réagi en sabrant la moitié de sa main-d'oeuvre dans ses studios de Montréal, Oslo, Pékin et Durham, en Caroline-du-Nord. Avec une soixantaine de départs sur 250 employés, les installations montréalaises sont relativement épargnées par les coupes.

Dans un communiqué publié mercredi dernier, l'entreprise affirme qu'une partie de ces licenciements s'inscrivent dans une «procédure normale suivant le lancement d'un projet majeur» et auraient eu lieu de toute façon.

Jeux multijoueurs

Funcom se spécialise dans les jeux «massivement multijoueurs», qui réunissent dans un univers virtuel des joueurs de partout dans le monde. Selon Miguel Caron, The Secret World a fait l'objet de dures critiques de la part des journalistes spécialisés en jeu vidéo, mais récolte de bons commentaires des joueurs eux-mêmes. À défaut de démarrer sur les chapeaux de roues, il croit que l'engouement pour le jeu pourrait se bâtir à long terme et s'avérer plus durable au bout du compte.

Funcom compte se reprendre en créant cet automne un autre jeu basé sur «une franchise très connue» ainsi qu'un jeu inspiré de l'univers des blocs Lego.