Le géant médiatique Bell (T.BCE) s'est engagé mercredi à investir 80 millions de dollars pour développer une nouvelle programmation de langue française, dans le cadre de son acquisition proposée d'Astral Media (T.ACM.A).

La transaction fait l'objet d'une opposition vigoureuse, notamment de la part de Québecor et de Telus.

Bell a ajouté, par voie de communiqué, que cet investissement servira également au développement d'un nouveau contenu pour les enfants et les jeunes et à l'expansion de la programmation musicale à la télévision et à la radio.

Globalement, Bell s'attend à accroître les investissements d'Astral en création de contenu francophone d'environ 5% annuellement. L'entreprise a précisé que le développement et la programmation de contenu de langue française par Bell seront entièrement dirigés par l'équipe Astral établie à Montréal.

Le président et chef de la direction de Bell, George Cope, a déclaré que le financement de nouveau contenu permettra d'accroître de beaucoup le choix offert aux consommateurs québécois. Il a précisé que Bell est déterminée à livrer le meilleur contenu sur n'importe quel écran choisi par les consommateurs - téléviseur, téléphone intelligent, tablette ou ordinateur - qu'ils soient clients ou non de l'entreprise.

Bell affirme dépenser quelque 600 millions de dollars chaque année en appui à la radiodiffusion et à la création de contenu à travers le pays.

«Cet engagement de Bell-Astral (survient) dans un marché médiatique où une réelle concurrence et un regain d'innovation se font attendre depuis longtemps, a dit M. Cope. Avec la croissance rapide des options de visionnement disponibles dans les communications canadiennes, nos concurrents savent que nous sommes disposés à rendre cet excellent nouveau contenu également accessible à tous leurs consommateurs.»

Mercredi, Telus a formellement pris position contre l'achat d'Astral par Bell, affirmant que Bell pourrait se retrouver avec une part de 49,5% des téléspectateurs anglophones en ajoutant Astral, dont le siège se trouve à Montréal, à ses actifs télévisuels dans Maple Leaf Sports and Entertainment (MLSE) et à sa participation dans des partenariats tels que Télétoon. Telus a aussi prévenu que les consommateurs se retrouveraient avec une facture plus élevée.

La semaine dernière, Québecor, Cogeco et Eastlink ont lancé une campagne pour tenter de faire échec à cette transaction qui, selon eux, créerait une «méga-entreprise» qui nuirait à la concurrence de par sa taille exagérée. Les trois entreprises prétendent que la transaction permettrait à Bell de voir sa part du marché télévisuel canadien passer de 29% à 38%. Elles ajoutent que les consommateurs devraient craindre le contrôle d'une trop grande part de marché par Bell, brandissant le spectre d'augmentations des tarifs, d'obligation d'abonnements à certaines chaînes ou aux services téléphoniques et ainsi de suite.

Dans le communiqué diffusé mercredi, Bell rétorque qu'Astral et elle auraient ensemble environ 24% du marché de la télévision de langue française et 33,5% du marché de la télévision de langue anglaise. Bell affirme qu'il s'agit d'une part moins élevée du marché francophone que celle détenue par Québecor, qu'elle décrit comme étant depuis longtemps le joueur dominant des médias et du câble au Québec et qui contrôlerait selon elle 30% du marché.

La transaction Astral-Bell contribuerait, ajoute Bell, à équilibrer les forces dans ce marché, tout en revigorant la scène médiatique québécoise avec un important renouveau en matière de financement et d'innovation.