Le géant des télécommunications BCE a bien remonté la pente depuis la tentative d'achat avorté par un consortium de fonds de capital-investissement mené par le Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l'Ontario, mieux connu sous son nom anglais Teacher's.

Les actions de BCE ont coté à 44,30$ hier, en hausse de 1,05$ par rapport à la veille, soit nettement plus que les 42,75$ promis par le consortium en 2008. Celui-ci avait dû renoncer à sa tentative d'offre publique d'achat (OPA) amicale, au coût de 52 milliards de dollars, en raison de la crise du crédit qui sévissait à cette époque.

Les actions de BCE avaient durement encaissé le coup, chutant de 40$ dans l'attente d'une transaction qui tardait à se réaliser, jusqu'à 21,25$ dans les semaines suivant l'abandon définitif du projet. Elles ont donc plus que doublé de valeur, depuis, dans une ascension régulière. Elles avaient testé le niveau de 42,75$ une première fois le 10 juillet dernier.

Les actionnaires patients auront profité entre-temps de généreux dividendes. La société mère de Bell Canada a augmenté ses versements de 35% depuis leur rétablissement au quatrième trimestre de 2008, afin de rétablir la confiance des investisseurs et de créer de la valeur pour leurs actions en disgrâce. BCE avait suspendu son dividende durant le processus qui devait mener à sa vente à Teacher's et ses partenaires.

Le conglomérat montréalais a bonifié son dividende de 5%, encore hier, la sixième augmentation en deux ans, à la faveur d'une forte hausse de profits pour le deuxième trimestre. À partir d'avril, le dividende de l'entreprise sera de 56,75 cents l'action, ce qui équivaut à un rendement annuel de près de 4,8% par rapport au cours actuel élevé de l'action.

Avec un bénéfice de 1,02$ par action au dernier trimestre, BCE a nettement mieux fait que les 81 cents par action attendus par les analystes financiers. C'est aussi au-delà de ses propres attentes. BCE a donc ajouté 2 cents à ses prévisions de bénéfice de l'exercice entier, qui devrait se situer entre 3,15$ et 3,20$ par action. Les analystes devront eux aussi refaire leurs calculs, eux qui avaient 41,69$ comme prix cible sur 12 mois pour BCE, encore hier. Quinze analystes sur les 22 qui s'intéressent au titre s'en tiennent à une recommandation de «conserver».

«Même si BCE reste derrière ses pairs, il a gagné pas mal de terrain au cours du trimestre», commente l'analyste Maher Yaghi, de Desjardins Valeurs mobilières, un des cinq analystes à en recommander l'achat.

Bombardier au rayon des aubaines

«Le prix est ce que vous payez, la valeur est ce que vous obtenez», aime à dire l'homme d'affaires, philanthrope et éminent investisseur américain Warren Buffett, à ceux qui snobent le rayon des bas prix. Une bonne défaite certes pour qui paie encore trop cher. Car «il y a une raison pour laquelle les stocks bon marché ne coûtent pas cher», répond la sagesse populaire.

Selon l'analyste Steve Hansen, de la firme de conseillers financiers Raymond James, de Vancouver, Bombardier est de la catégorie des valeurs sous-estimées, le titre frayant dans les bas-fonds.

Évidemment, plusieurs risques demeurent à l'horizon, comme l'incertitude macroéconomique mondiale, une reprise plus lente que prévu pour les jets régionaux, d'éventuels retards pour la livraison des avions de CSeries ou toutes les augmentations de coûts qui pourraient survenir.

L'analyse de Raymond James estime cependant que tous ces risques sont bien connus et reflétés dans le bas prix actuel des actions de Bombardier (3,76$, hier). Sa valeur serait plutôt de 5$, basée sur un multiple de 9,8 fois ses bénéfices pour l'exercice courant.

Bombardier doit révéler ses résultats pour le deuxième trimestre, avant l'ouverture des marchés ce matin. Les analystes s'attendent à voir un bénéfice de 10 cents par action.