Alors que la crise financière mondiale termine sa cinquième année, les banquiers centraux doivent déployer encore des trésors d'imagination pour éviter le pire.

Cette semaine, tant la Réserve fédérale américaine (FED) que la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d'Angleterre (BA) entendront montrer qu'elles n'ont nullement l'intention de jeter l'éponge, même si d'aucuns les voient quasi à court de munitions.

Investisseurs et spéculateurs tablent sur une troisième ronde d'assouplissement quantitatif par la Fed, axée cette fois-ci sur la relance du marché de l'habitation.

Déjà, cependant, les autorités monétaires américaines réinvestissent le capital et les intérêts des titres adossés à des prêts hypothécaires ou à des obligations des assureurs hypothécaires - qu'elle détient et qui arrivent à échéance - dans le marché hypothécaire.

Les experts doutent toutefois que la Fed opte pour grossir son bilan en imprimant de l'argent pour en acheter davantage. Déjà, les ténors républicains se sont opposés aux deux premières rondes d'assouplissement quantitatif.

Rassurer

Il paraît plus probable que l'équipe de Ben S. Bernanke s'inspire de ce qu'a fait le président de la BCE la semaine dernière. Mario Draghi a déclaré que la BCE «était prête à tout faire pour sauver l'euro» à l'intérieur de son mandat.

La Fed pourrait affirmer semblable volonté pour stimuler l'emploi, tout en gardant des atouts dans sa manche pour sa prochaine réunion, le 12 septembre, alors qu'elle doit remettre à jour ses prévisions de croissance, d'inflation et de taux de chômage.

C'est aussi en septembre que tous ses membres voteront sur leur prévision de variation du taux directeur. La médiane actuelle pointe vers une première hausse, au plus tôt en fin de 2014.

Il suffirait que deux ou trois des 17 membres décalent d'un trimestre leur prévision pour que l'engagement de la Fed tienne jusqu'en 2015. C'est là une forme d'assouplissement en mesure de satisfaire les marchés, mais dont l'efficacité reste à démontrer.

C'est le cas, d'ailleurs, pour toutes les mesures non orthodoxes prises par la Fed depuis qu'elle a épuisé son outil classique de détente monétaire en ramenant dans une fourchette de 0% à 0,25% son taux directeur, en décembre 2008.

Pareil engagement à long terme pourrait aussi inspirer la BCE, qui a abaissé à 0,75% son taux directeur en juin. Il s'agit d'un creux historique qu'il ne sera pas facile d'abaisser davantage, vu les réticences germaniques et finnoises.

M. Draghi pourrait cependant annoncer qu'il reprend ses achats d'obligations souveraines sur le marché secondaire, dans le but de détendre les taux des titres espagnols et italiens. On ne peut écarter non plus une troisième opération de refinancement à long terme.

En décembre et février, la BCE a ainsi fait des prêts de trois ans d'environ 1000 milliards d'euros aux banques européennes au taux de 1% seulement, dans le but de stimuler le crédit. Bien accueillies, les opérations ont vite perdu leurs effets bénéfiques, toutefois.

Cela permettrait néanmoins aux banques, à l'Espagne et à l'Italie de souffler d'ici à ce que l'Union européenne s'entende pour donner à la BCE un statut de régulateur bancaire pour toute la zone euro.

Grande-Bretagne

Du côté de la BA, qui doit à la fois combattre une rechute en récession du Royaume-Uni - une crise de crédibilité depuis le scandale de la manipulation du Libor par les banques britanniques et une inflation tenace -, tout porte à croire qu'on va à nouveau actionner la planche à billets.

Passé la fièvre olympique, toutefois, il faudra bien que le gouvernement minoritaire de David Cameron renonce un peu à sa néfaste politique d'austérité budgétaire, comme lui enjoint le Fonds monétaire international.

Malgré les voeux des marchés, les banquiers centraux ne peuvent tout faire.